bac + combien ?

Chateau rouge, tous les noirs
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t.
J'ai rendez vous à Barbes, je suis en retard, il fait moite et courant d'air, bref, rien d'incroyable.

Le conducteur fait grésiller sa voix dans le micro pour nous proposer d'attendre quelques instants afin de réguler la circulation, et, en fait de proposition, c'est un peu directif. On n'a pas le choix, ducon, oui, on attend quelques instants, qu'est ce que tu veux qu'on fasse, franchement, t'en as d'autres des comme ça?
Y'en a qui pestent; y'en a qui n'entendent même pas, assourdis par leur livre; y'en a qui sortent, avec une exaspération toute théâtrale, comme si c'était vraiment le comble; et moi je regarde les "y'en a qui".

Une jeune fille décide de faire le reste du chemin à pied, laissant son amie dans le wagon; juste avant de disparaître dans la foule revendicatrice sur le quai, elle lance à son acolyte"tu viens en allemand, demain?".
D'abord, j'ai pensé: comment peut on "venir" en allemand, qu'est ce que c'est que ce nom de code à la con? Jouir en parlant la langue de Wagner? Se pointer déguiser en Walkirie?
Et, enfin, j'ai compris.
Est ce que tu viens en cours de deuxième langue ou est ce que tu sèches avec les potes, c'était ça que ça voulait dire. Ca m'a foutu un coup. De ne pas avoir compris tout de suite. Je compte dans ma tête avec l'aide de mes doigts à quand remonte mon dernier cours de langue.
Est ce que j'ai vieilli à ce point?

Pourtant quand je passe devant un lycée à l'heure où ils sortent, je me sens proche d'eux; je suis pareille; j'en suis sûre.
Comme eux, je ressens la même excitation à l'idée de retrouver tous mes amis; j'entretiens avec ces amis une complicité principalement basée sur le culte du n'importe quoi; je m'inquiète à l'idée que le joli garçon convoité par toutes veuille prendre un café avec moi, oui, moi. Et je sèche, souvent, les heures trop matinales. Je regarde d'un oeil rond d'étonnement les costumes cravates qui jugent ma tenue, je crache sur les institutions, je suis contre pas mal de choses, tout contre. J'arrive pas à ranger ma chambre, je fais tout au dernier moment et je suis me bats pour un monde meilleur. C'est vrai, j'ai ralenti les pétards et les messages tam-tam mais je suis pas pour autant comme les adultes, je vous jure, je suis comme vous, bande de glandeurs.
Je suis une lycéenne.

En tout cas, je vous ressemble davantage qu'aux autres.
Oui mais y'a toujours une mauvaise herbe pour me bousculer et s'excuser en disant "madame".
Madame.
Madame.

C'est pas moi, ça, je suis pas une madame, fichtre. Encore moins TA dame.
Un peu plus et je lui dirais "jeune con", tiens.

-maispastrop-




Pour du beurre. Du beurre salé sur du pain de seigle. Et quelques huîtres, c'est pas de refus. Ah du Pouilly Fumé? Oui, une bouteille, allez.

Qui a eu le premier l'idée de mettre des échalottes avec la viande rouge?
Des câpres même? De la préférer saignante, bleue, à point? Qui a pensé à dessiner ce qu'il regardait au lieu de simplement le voir? Ecrire ce que sa tête ruminait? Qui a ruminé avant les autres? Et d'où vient l'idée de créer du superflu, du dispensable, du luxe? Qui a décidé que ça s'appellerait la culture? Qui s'est ennuyé à regarder sa compagne en se disant que ce serait rigolo de lui mettre du rouge sur sa bouche? Est ce que celui qui a dit "je chie sur une toile, c'est une oeuvre d'art, oui oui" avait tort? Et celle qui décide de congeler son amant mort trop vite?

Il y a plusieurs milliers d'années, j'aurais mangé avec les mains un animal que j'aurais tué moi-même, recouverte d'une peau de mammouth à l'odeur plutôt douteuse, les cheveux en pagaille et du poil aux jambes. Après quoi, j'aurais été bien trop fatiguée pour que le coucher de soleil ait un quelconque effet sur mon romantisme, et encore il aurait fallu que je ramène le bétail et que je me reproduise avec un type qui me l'aurait imposé. Et puis de toute façon, le mot "romantisme" n'aurait pas encore eu de sens. Comment je me serais débrouillée pour faire de l'oeil ou lancer un bon mot au milieu d'une conversation agitée, hein, je vous le demande.

2008. Deux mille huit.
Il n'y a plus que ça qui me fasse un tant soit peu d'effet: les détails, ce dont on pourrait se passer mais qui fait la différence, le petit rien, l'accessoire.
L'essentiel m'apparaît principalement secondaire.

Je veux la cerise et pas forcément le gâteau. J'aime mettre les points mais je vous laisse les I. Qu'importe la robe pourvu que les chaussures s'entendent avec le sac. Le point virgule qui renseigne mieux que les 10 mots précédents. Les regards d'inconnus sur lesquels on ne se retourne pas. Les silences dans les films bavards. La respiration prise avant le refrain. Les insomnies. Les feuilles blanches. Les poémes appris par coeur.Et la mèche qui tombe sur l'oeil en s'accrochant sur le cil qui la fera valdinguer au gré de ses clignements, nous détournant de ce que la bouche dit.
Dire "pardon, tu disais?" à quelqu'un qui vient de prononcer pour la première de sa vie j.e.t.a.i.m.e., parce qu'on regardait ses mains valdinguer d'anxiété sur la tasse un peu cracra du café du coin.
La liste de mon pense-bête est une offense aux pays sous-développés, en voie de développement, pardon: elle met en priorité les moleskines, les expos qui se terminent bientôt, une bonne bouteille de vin. J'oublie parfois d'acheter solide, de penser utile. D'agir productif. D'agir tout court.

On est là, grâce à un ticket magnétique payé par 1 heure de travail à vendre des choses à des gens qui ont besoin d'autre chose, devant un tableau, peint par un type qui avait à peine de quoi payer ses pinceaux - parce que oui, c'est souvent le cas- et on dit des trucs. Après, on ira boire l'apéro avec d'autres individus et on partagera nos avis. Enfin "partager", c'est beaucoup dire. Disons qu'on s'en débarrassera. Des choses resteront, d'autre pas et peu importe, c'est pas important.
Chouette dimanche!
Ce qui entend le plus de bêtises sur cette terre, après les citoyens en période électorale, c'est très certainement la Joconde. Chacun y va de son petit avis. Elle fait quand même bonne figure, la coquine. Mais voilà, on l'a comprise, l'origine de son sourire, partagé entre l'absurdité de se voir figée sur toile , l'accablement de tout ce qu'on en dit et le plaisir de nous l'imposer, vaille que vaille, au fil des générations.
Qui sera le premier à avoir l'idée d'enregistrer tout ce qu'il se dit sous le plafond de la Sixtine?
Qui sera celui qui en fera une oeuvre d'art?
Des films, des livres, des concerts, des conférences, des débats, des vernissages, des dégustations, des inaugurations, des disques, des documentaires, des psychanalyses, des voyages, des manifs, des blogs....... J'ai faim et soif de ça. Je respire ça. Je fais caca ça.
Et, bien sur, c'est parce que j'ai de quoi manger et boire, surtout boire, et me loger aussi. Tout juste assez pour ne pas m'en soucier.
Il paraît que les limousines s'ennuient pendant que les deux chevaux essaient de tenir la route.
Mieux vaut rire dans une 2 chevaux que pleurer dans une limousine, donc.
Celui qui trime a besoin de l 'autre, l'autre qui a le temps de raconter ceux qui triment alors que, en fin de compte, il ne sait pas vraiment de quoi il parle. Leo de V avait besoin des critiques incapables de dessiner un oeuf reconnaissable; même pour en dire pique-pendre. Les créateurs de mode ont besoin des enfants du tiers monde qui vivent dans des bouts de sacs à patate, si si, je vous jure, ça les inspire pour les défilés printemps-été. Pas hiver quand même, faut pas pousser. Les cuisiniers ont besoin de moi qui crie au génie dès qu'un tartare est réussi, qui va embrasser le chef qui m'a convaincu d'associer ce vin et cette viande. Et moi j'ai besoin de ça, vibrer sur un bout de boeuf qui n'a rien demandé. Sentir des frissons dans le creux des genoux à la découverte d'un nouveau musicien, des accords qui étaient pas possibles avant, et rester prostrée devant l'incroyable vérité que quelqu'un que je n'ai jamais connu a écrit dans un bouquin que je sers fort contre moi. Avec lequel je vais m'endormir. Besoin de ça parce que sans ça, je suis rien, rien ne vaut rien.
Parce qu'en vérité, bande de "comme moi", qu'est ce qui nous sauve quand ça va pas et que merde, on a envie de taper du poing sur la table? C'est cette musique, cette ville où on est allé, ce livre qui n'attend que nous pour continuer.

C'est à ça que je suis réduite. Ca tient à pas grand chose.
Besoin de vous le dire aussi, manifestement.

Mais veiller, veiller à ne pas tout confondre. Ne pas oublier que le mot indispensable n'est que "dispensable" affublé d'un préfixe (par qui, tiens, d'ailleurs?), qu'il était pas là en preums. Croire, avec tout son coeur, que sans les autres, y'aurait simplement rien. Et que rien, c'est chiant. C'est précisemment pour ça qu'on a inventé les assaisonnements, les incipits et les outro musicales.

Est ce qu'ils cherchaient la beauté absolue? Essayer d'atteindre la beauté qui scie les jambes et coupe le souffle, la beauté qu'on vit obligatoirement seul face à une dimension tout à fait impossible à mesurer, bien trop grande. Une sorte d'âme soeur idéale.

Le résultat, ça compte pas vraiment en fin de compte.
Ce qui fait vivre c'est tout ce qu'on fait pour ne jamais y arriver complètement, à ce résultat.

Tout ça parce que tout à coup, l'effarante interrogation dans ma gueule: pourquoi t'écris, toi, petite crotte de mouche entre les mouches?

Tout ça parce que l'écrasante réponse: pour rien.

-maispastrop-

Mind the gap

Jeune fille rangée en fleurs,
à la perle et la mort,
partagerait appartement




La voisine est morte hier, tant mieux, elle en avait envie je crois ;
Elle ne voyait plus trop l'intérêt de traîner ses varices du 1° étage au marché, du marché au médecin, du médecin au lit.
J'invente rien, elle me l'a dit.

Elle m'aimait comme sa propre fille et elle me le rappelait souvent, alors bon, je l'écoutais d'un air tendre, attendri, mais un jour j'ai osé lui dire le fond et le comble de ma pensée: voilà, j'aurais préféré qu'elle me voit comme sa soeur, qu'elle soit ma complice, qu’on soit elle et moi dans la même galère qui vogue vaille que vaille, mais qui sait tout.
C'est ça que j'aurais préféré.
Pour qu'on partage ensemble le peu de temps qu'il reste au lieu de voir en moi, en face d'elle, le peu de temps passé.
Elle imaginait que je serai actrice, star même, parce qu'elle voyait tout en
grand, elle disait que j'allais me marier avec un homme de qualité -la qualité c'était très important pour elle-, que j'allais avoir des enfants joyeux qui rempliraient de babillages une grande maison en pierre de taille. Dans un quartier chic mais pas trop.

"Je ne suis pas la relève de tous les mourants dans ton genre, je m'en fous, je
voudrais qu'on échange nos places", je lui ai dit.
Elle a ri.
Qu'elle rie comme ça, ça a fait que je l'ai aimée à me damner.
Elle comprenait mais bon, elle voulait pas admettre.



Sa famille a défilé dans des couleurs sombres, une procession de noirs et de gris étincelants. J'ai pas pleuré parce que je venais de me maquiller, de cacher la misère et, voilà, ça m'ennuyait de déjà faire couler le mascara.
J'avais sorti mon sourire d'enfant à adresser à leurs carcasses d'adultes puisque c'est ça qu'ils attendaient de moi.
L'espoir. Le temps. La vie.
Blablabla.


Ras le bol de ce blanc, partout et tout le temps.
Je dors dans du blanc, on m’habille en blanc, je mange du blanc, je pense blanc blanc blanc. Je veux du rouge maintenant, du Stendhal, du Jeanne Mas, des khmers, de la corrida; j’en veux sur les ongles, sur la bouche et dans le sang.
Besoin de crasse. Il faut que ça arrête d’être aussi propre.
20 ans passés à attendre une tempête, c'est long.

Ma chair fraîche, mes joues roses, mes seins fermes, tout ça pourrit et
périme dans des dentelles nickel pendant que les autres existent, pendant que la vie vit, sans moi.
Il faut faire quelque chose, et vite.
Il faut prendre une décision, n’importe laquelle, la première qui passe.
Tiens, en voilà une qui passe, justement, attrapons là, voyons ce qu’elle propose.

J’attends qu’ils dorment bien enfoncés dans leur matelas de marque qui prend la forme de leurs corps, leurs corps installés toujours au même endroit dans leur matelas de marque qui n'a pas changé de coin de chambre depuis des décennies. Je colle mon oreille contre la porte et j’entends vibrer le souffle de celui qui est ailleurs, qui rêve à une vie meilleure, à sa vie passée, à sa jeunesse, celle-là même qu’il me refuse. Ils m’ont mise au monde pour se remettre à y croire et à tout prix ils m'empêchent d'espérer.
Ils inspirent en même temps, expirent de concert, ils m'étouffent.
C’est régulier comme un métronome.
Bientôt, le robot de la sagesse va se laisser disperser par ses vieux démons, le sommeil sera moins profond et la porte claquée les réveillera sûrement, alors il faut que je me dépêche.
J’aime me dépêcher, ça tombe bien.
Parfois, j’attends la dernière minute pour me préparer, parce que l’urgence me donne l’impression d’être vraiment là.

C’était pas prévu pour ce soir, ma valise n’est qu’à moitié prête.
Je n’y ai mis que l’essentiel, alors que je compte vivre uniquement de superflu, mais tant pis, j’espère que rien ne se passera comme prévu.

Dehors, la Ville est bouillante, ça grouille d’envies, le vacarme remonte ma colonne vertébrale, tout a l’air réel, réalisable, je me sens multiple, comme un pot au feu, je suis un pot en feu, j’ai tellement hâte. Faites-moi vivre.

Je me suis adossée à un réverbère. Lui et moi, on se comprenait bien, droits, lumineux, on était là pour une seule chose, et on allait la faire comme des bons petits soldats.
Quand il s’allume, je quitte tout.
Quand il s’allume je quitte tout.
Il s’allume.
Tu passes.
J’attrape ta veste.

Alors que je plonge la tête la première dans une grande piscine vide, je trouve le temps de penser que c’est du tissu de qualité que tu as là sur les épaules, le genre de flanelle que mon père aimerait pouvoir s'offrir, et que c’est aussi bien comme ça. J’ai pas envie de mourir au-dessous de mes moyens.
D’abord tu me regardes d’un air plutôt vide et j’ai tout à coup très peur que tu fasses partie de ceux qui vivent en apnée. Et puis, très vite, tu dis des choses, tu parles avec ta bouche, ça prononce des bidules que ta tête a pensé, je comprends rien parce que je ne t'écoute pas, je suis trop concentrée sur ça :

Là, tu prends vie devant moi. Tu existes. Je t’aime.
Je ne veux pas te connaître, je me fous de qui tu es, tu ne m’intéresses pas, j’ai simplement besoin de toi. Il faut que tu me rendes un service.

Alors je te dis ça :

"Je suis personne, y’a rien dans moi, je suis remplie de vide, ça va déborder, dégouliner et m’asphyxier. Mes murs, ils en finissent plus jamais de se resserrer sur le néant qui remplit le zéro de ma vie. Je sers à rien. Au milieu de nulle part, je préférerais être n’importe où et il faut, il faut que tu m’emmènes au bout du monde. Je te dis ça d'une seule traite, sans prendre ma respiration parce que je veux pas réfléchir tu sais.
Je veux pas choisir mes mots je veux pas que ce soit joli ou séduisant je mets pas de virgules je veux que ce soit moi et que ça ressemble absolument à un cri même si je le dis doucement parce que je veux pas te faire peur."

Et puis, là quand, même, je respire.
Mes poumons s’ouvrent sur tous les possibles qui viennent de naître à l’instant où je me suis tue.
Ta tête ressemble à un point d’interrogation.

Tu fais des points de suspension avec ton silence.

M’en fous, j’attends, je sais que tu vas dire oui.

Je te dis ça :

"Je sais que tu vas dire oui."
T’as encore plus besoin de vivre que moi. T’as besoin de croire à des promesses qu’on peut pas tenir, tu es en perdition, et je te demande de me sauver.
Ma jeunesse défie tout ce temps que tu as perdu, il se réveille à ma
rencontre, il se ravive, regarde, tu vois bien que ton sang circule plus vite, que tes tempes renaissent sous la pression d'un coeur que j'ai dégourdi. Je veux être comme toi. Je veux plus avoir peur, je veux être vieille, je veux être à quelqu'un, je ne veux plus qu'on me regarde comme la possibilité d'être heureux, je veux être déjà triste, un peu fanée, avec vous tous, mes futurs compères et qu'un jour, près d'un réverbère, quelqu'un m'attrape par la veste.

Ton mutisme m'invite à remplir l'espace. Je rajoute ça:

"Parce que, voilà, moi je peux plus être potentiellement tout et
concrètement rien. J'ai peur de pas grand-chose, j'ai envie de l'intégrale, c'est trop fatigant, tu comprends.
Personne, jamais, ne me donnera autant, ce grand tout ça auquel mes 20 ans aspirent, personne ne peut, et je veux m'en rendre compte le plus vite possible.
Fais de moi une vieille fille qui regrettera ses jeunes années en sachant que ça
ne pouvait pas se passer autrement."

Je pense très fort tout ce que je te dis.
Il faut que tu comprennes que je suis faite pour ça, me coucher droite et rêche dans un matelas creusé et modelé par un corps qui dort au fil des années dans une vie de papier millimétré. Je me vois au coin d'une cheminée qui ne
marche plus, un soir de noël, à raconter à mes petits enfants qu'un jour j'ai été jeune comme eux et que bientôt, ils seront vieux comme moi et que tout ça n'a pas vraiment d'importance; ils ne m'écoutent pas parce que tout ce à quoi ils pensent, c'est à ouvrir les cadeaux sous le sapin, là.
Parce qu'ils ne m'aiment pas vraiment et moi je ne les apprécie pas plus que ça non plus.
Je ne veux plus croire au barda du grand-amour-tour-du-monde-changer-l'ordre-des-choses-réaliser-mes-rêves-avoir-bonne-mine. Je veux que vous arrêtiez tous de voir dans mon regard trop frais une ardeur qui m'encombre.
Le pas que je viens de faire revient du désir du grand amour, et celui que je vais faire se dirige vers la certitude qu'il n'y a rien de grand, qu'il n'y a pas d'amour. J'ai pas d'histoire à raconter, voilà, et je veux pas qu'on raconte la mienne.
Bon.
Emmène-moi de l'autre côté et offre moi mon plus beau jour de ma fin de vie.
Je ne veux plus y croire et mourir bientôt.

Le réverbère s'éteint parce que le jour revient. Il fait ça à chaque fois, le
jour. Le temps passe vite quand on a une urgence et tu as l'air fatigué, tes traits tirent sur ta peau, ça fait ressortir tes rides et tes pattes d'oie. Je me retiens d'y passer ma main. Tu as du beaucoup rire, avant, pour avoir tous ces petits plis au dessus de tes joues creusées.
Tu n'es pas très beau.
Tu n'as rien de ces types que j'avais en poster.
Je lance mes yeux dans les tiens, tu accueilles tout ça avec une élégance anglo-saxonne et tu me dis "tu es bien jeune", je réponds "je ne te le fais pas dire", j'ai toujours aimé cette expression, "je ne te le fais pas dire".
Tu souris, et ça y est, dans la commissure de tes lèvres, je trouve le "oui" que j'attendais.
En route.

D'avance, je te remercie.

-maispastrop-

nouvelle publiée dans la revue Bordel / Jeune fille, oui, "Jeune fille", c'était le thème, parce que c'est une revue à thème, en fait.










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