© Olle Hemmendorff |
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"Mesdames, messieurs,
le temps qui m'est imparti touche à sa femme, mais dans un prochain chapitre nous chercherons les bonnes raisons d'attaquer la Seine et Marne"
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe,
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Exagérons. Disons qu'il fut un temps, pas si éloigné du reste, où je vivais avec une mouche. Ce n'est pas une métaphore. C'était une vraie mouche et, quant à prétendre que je vivais avec elle, qu'on me pardonne, mais, à l'époque, j'ignorais ou j'avais oublié que l'existence de ce diptère n'excède jamais 48 heures.
En outre, vivant fort peu depuis nombre d'années -nous y viendrons-, il était parfaitement vraisemblable que j'eusse, confronté à une mouche -j'entends une mouche opiniâtre bien sûr, une mouche solidement installée dans sa brève persistance de mouche, car je n'ignorais pas, malgré tout, qu'une certaine brièveté présidait à ses jours-, éprouvé la sensation que je partageais sa vie, ou qu'elle partageait la mienne. Ou encore, pour dire les choses au plus près, qu'occupant tout ou partie de mon domicile, au gré de ses incessantes explorations, elle y défendait son territoire avec une telle constance que le moins que je pusse faire, dans ces conditions, de son point de vue, du moins, était de l'accepter, ou de l'adopter, en tout cas de la traiter avec tous les égards dus à la résidente qu'elle se proposait d'être, dont elle revendiquait clairement le statut, et ce dans le respect des droits qui lui échoyaient en tant que telle.
Il n'en était rien, bien sûr. A cette mouche, je n'avais pas l'intention de reconnaître le moindre droit. Au vrai, je ne l'avais jamais aimée, et je n'entendais nullement la ménager.
J'ai des contacts difficiles. Ca vient de moi. Parce que je n'ai besoin de rien et que je ne peux rien apporter. Je suis une éponge qui ne rejette pas son eau. Je le sais. Alors j'estime que ce n'est pas la peine de gruger les autres. Ils attendraient quelque chose de moi et ils n'auraient rien.; c'est une déficience affective. Je ne suis pas égocentrique car je ne peux pas me voir en peinture.
J'avais vingt ans à l'époque. Putain, je me disais, prends ton temps Bandini. T'as dix ans pour l'écrire, ton livre, alors du calme, faut s'aérer, faut sortir, et se balader dans les rues et apprendre comment c'est, la vie. C'est ça ton problème: tu ne sais rien de la vie. Bon dieu, dis donc, est ce que tu te rends compte que tu n'as jamais eu d'expérience avec une femme? Oh que si, des tas de fois, même. Oh que non, menteur.
T'as besoin d'une femme, t'as besoin de prendre un bain, t'as besoin d'un bon coup de pied où je pense, t'as besoin d'argent. C'est un dollar à ce qu'on dit, deux dollars dans les endroits bien , mais du côté de la Plazza, c'est un dollar; bon, épatant, sauf que t'as pas un dollar, et encore autre chose, dégonflé, même si t'avais un dollar, tu n'irais pas, parce qu'une fois à Denver t'as eu l'occasion d'y aller et tu t'es dégonflé.
Parce que t'avais la trouille, et t'as toujours la trouille d'ailleurs, c'est pour ça que tu es bien content de ne pas l'avoir, ce dollar.
La trouille d'une femme! Je te demande un peu! Ah, il est joli le grand écrivain! Comment il peut écrire sur les femmes s'il n'a jamais couché avec une femme? Ah! la grande gueule infecte, bidon oui! Pas étonnant qu'il sache pas écrire!
Mes paroles sont un gros bloc de contradictions. Elles sont partagées entre des opinions très sincères et des sentiments que j'éprouve et des dénégations sarcastiques et - j'espère- droles d'idéaux bohèmes éculés depuis des années.
Je veux dire par là qu'il n'existe apparemment que deux options pour les auteurs de chansons: le sombre et tragique visionnaire à la Morissey, Michael Stipe ou Robert Smith, ou le blanc-bec clownesque et tout fou, style, hey, faisons la fête et oublions tout à la Van Halen ou toute cette merde heavy-metal.
Je veux dire par là que j'aime me montrer passionné et sincère, mais j'aime aussi me marrer et faire l'abruti.
Boutonneux associés.
Ce qui est dur après ces périodes d'éthylisme effréné, frénétique, c'est de garder sa lucidité parce qu'on s'aperçoit qu'on est cerné par des cons, on voit la réalité telle qu'elle est. Dans l'alcoolisme, tout était glauque, c'est pour ça que je ne fais plus les boîtes de nuit à jeun, ça serait impensable.
- Il y a longtemps que vous avez perdu votre père?
- Non, un siècle au maximum. Nous avions fixé un rendez-vous, malheureusement, j'ai oublié l'heure et l'endroit. Enfin si c'est dans un café, il consommera en m'attendant.
Elle saisit le bas de sa jupe et chercha une ouverture dans l'ourlet. Quand elle l'eut trouvée, elle en retira avec deux doigts
une feuille de papier pliée en long. Elle la défit minutieusement avant de la tendre à Jonathan.
- Vous pouvez la lire, il n'y a rien de personnel.
Il cala sa tête sur l'oreiller et lut à voix haute.
" Ma chère Angine, j'ai découvert un certain nombre de choses que tu dois savoir un jour. (..) Ma chère Angine, il n'y a pas de père noël. C'est moi qui mettais des jouets dans tes souliers et non lui. A l'époque, je n'avais pas encore découvert qu'il n'existait pas. Je voulais lui épargner du travail. Il faut donc me pardonner de t'avoir dit des choses fausses.
Il n'y a pas non plus de petite souris, en tout cas, ce n'est pas elle qui dépose un cadeau à la place de tes dents dans un trou du mur.
Ma chère Angine, les enfants ne naissent pas dans les choux ni dans les roses. Je le croyais parce qu'une fois, il m'est arrivé de trouver un garçon dans un chou et une autre fois de découvrir une petite fille dans une rose. On m'a expliqué que c'était très rare et que j'étais le seul à en avoir vu. On m'a dit qu'ils poussent habituellement dans le ventre de leur mère, ce qui me parait assez incroyable, mais un professeur de faculté me l'a confirmé.
Après toutes ces mauvaises nouvelles, j'en ai une bonne à t'apprendre. Je sais enfin ce qu'est cette mort dont on parle tant. C'est une espèce de gâteau, le milieu entre le chou et la crème et la tarte aux fraises, d'un goût très particulier paraît-il.
Je t'embrasse avec beaucoup de précautions pour ne pas te salir.
Ton père."
- Est ce que vous avez déjà goûté de ce gâteau dont parle papa?
- Je n'ai jamais tellement aimé les sucreries, répondit Jonathan.
Les jeunes… Doux Jésus… Est-ce qu’on appelle toujours ça s’enticher ? Ce coup de hache magique qui fait disparaître le monde, laissant seul le jeune couple tout tremblant ? Quel que soit le nom qu’on donne à ça, ça saute sur tout, ça prend le plus gros fauteuil, la plus grosse part du gâteau, ça dirige les choses partout où ça va, que ce soit dans une noble demeure ou dans un marécage, et cet égoïsme lui donne toute sa beauté. Avant d’en être réduite à mon petit chantonnement, j’ai vu toutes sortes d’unions. Souvent, des histoires de deux nuits qui voudraient durer toute une saison. Certaines, le genre raz de marée, prétendent avoir seules le droit au vrai nom, même si tout le monde se noie dans leur sillage. Les gens sans imagination nourrissent ça avec le sexe, ce clown de l’amour. Ils ne connaissent pas les vraies unions, les meilleures, quand on sait limiter les pertes et que tout le monde y trouve son compte. Il faut une certaine intelligence pour aimer ainsi – doucement, sans béquilles. Mais le monde est un tel trésor, c’est peut-être pour cela que les gens essaient toujours de ne pas être en reste, de mettre sur la scène tout ce qu’ils ressentent, juste pour prouver qu’ils peuvent aussi inventer des choses : de belles choses effrayantes, comme les luttes à mort, comme l’adultère, ou comme mettre le feu aux draps. Ils échouent, bien sûr. Le monde est vainqueur chaque fois. Pendant qu’ils sont occupés à frimer, à creuser les tombes des autres, à se pendre à une croix, à courir dans les rues, déchaînés, les cerises passent tranquillement du vert au rouge, les huîtres créent leurs perles dans la souffrance, et les enfants ouvrent grande la bouche pour attraper des gouttes de pluie en s’attendant à ce que les gouttes soient froides, mais ce n’est pas le cas ; elles sont tièdes et elles ont le goût de l’ananas, puis elles se font de plus en plus lourdes, si lourdes et si rapides qu’on ne peut plus en attraper une seule à la fois. Les mauvais nageurs veulent alors regagner la côte, tandis que les plus forts attendent les veines argentées de l’éclair. Des nuages vert bouteille s’avancent vivement et poussent la pluie vers les terres, où les palmiers font semblant d’être bousculés par le vent. Les femmes vont se mettre à l’abri en se protégeant les cheveux et les hommes se courbent et tiennent les épaules des femmes contre leur poitrine. Je cours aussi, pour finir. Je dis pour finir, parce que en fait j’aime bien les grosses tempêtes. J’aurais bien aimé être une de ces personnes, sur les chaînes météo, qui restent en plein vent, pendant que les policiers hurlent dans leurs mégaphones « Circulez ! Circulez ! »
Quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, que le métier de critique : un expert en objets aimés ! Car après tout, si la littérature n’est pas pour le lecteur un répertoire de femmes fatales, et de créatures de perdition, elle ne vaut pas qu’on s’en occupe.
À la fin de l’hiver, c’est la mer qui est en vacances. Une collection de gris, qui va du plomb jusqu’aux gris clairs dont on fait de si beaux regards. Du gris et puis du rose à l’horizon, et le bleu incomparable du ciel quand le vent disperse les châteaux de nuages. En tout cela, personne. Comme si une loi naturelle interdisait les rassemblements, décourageait les groupes, abolissait les associations, les clubs, les armées petites et grandes.
C’est février. Entre deux tempêtes, c’est déjà un printemps, et à cette heure où le soleil se couche en éclairant le monde à hauteur des vagues, la mer qui n’est pas petite devient soudain vraiment grande.
- Hello ! Vous allez bien ?La femme qui a posé cette question vient de traverser la plage qui est longue à marée basse. Elle rejoint un homme qui était là avant elle, à regarder le soleil couchant au bord de l’eau.
- Allègrement, répond l’homme. Et il sourit pour ajouter :
- Je me sens léger comme une virgule dans un sous-titre, en bas, sur le plus grand écran du monde. Si vous vous approchez un peu, à deux on va faire un point-virgule.
- C’est une proposition ? fait-elle en riant.
- Non, une ponctuation !
Le soleil est tombé dans la mer. Le point et la virgule quittent lentement le bord de l’eau. Dans la dernière lumière du jour, l’homme et la femme touchent au même instant leurs joues : elles sont tièdes encore, alors que le vent devient piquant. L’homme fredonne un air de jazz, elle lui en demande le titre et il répond :
- Je ne sais pas. Juste une improvisation pour accompagner le bruit des vagues. J’ai souvent l’impression, quand je suis au bord de la mer et qu’elle est calme, surtout le soir, qu’il y a un batteur de jazz en train de jouer très lentement, rien qu’avec ses balais, et que d’une seconde à l’autre, on va entendre un piano, une basse, un sax. Alors, en attendant l’orchestre, je fredonne.
- Vous croyez que la cérémonie se fera sur un air de jazz ?
- Ça ferait un beau mariage mais ça m’étonnerait. Vous êtes de la famille ou… ?
- Une amie de la mariée. Et vous ?
- Un otage.
Ce que tu m’as dit de ta nuit, du ciel, de la lune, du paysage, du silence a dû ranimer en moi des réminiscences similaires... Et alors, j’ai pris feu dans ma solitude car écrire c’est se consumer... L’écriture est un incendie qui embrase un grand remue-ménage d’idées et qui fait flamber des associations d’images avant de les réduire en braises crépitantes et en cendres retombantes. Mais si la flamme déclenche l’alerte, la spontanéité du feu reste mystérieuse. Car écrire c’est brûler vif, mais c’est aussi renaître de ses cendres.
Épigramme
Mon adorable jardinière
Toi qui voudrais savoir pourquoi
Nul ne tape sur ton derrière
Ne sais-tu donc pas comme moi
Qu'il ne faut pas battre une femme
Et même avec une Fleur Rare oui Madame
G. Apollinaire
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure;
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deça, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
SOFIA: Sofia Amoroso c'est mon nom Amoroso je l'adore mon nom. Amoroso comme amoureuse, enfin presque comme amoureuse hein attention. Dire: comme amoureuse ce serait aller un peu vite en besogne. Je ne mange pas de ce pain-là moi, don Amoroso presque comme amoureuse.Fabrice Melquiot
CYRIL: On peut aussi risque un à peu près dédicatoire: à mon roseau.
Mais on y perd un peu de l'attention de Sofia qui était celle d'y aller franco je crois.
SOFIA: Je crois à l'amour, c'est pas ma faute, l'amour au premier regard je crois, je suis une gentille, pas peur des garçon pas peur de dire non aux garçons, je dis non parce que jusqu'à présent j'ai toujours dit non, pas trouvé le bon alors je dis non, c'est pas que j'ai beaucoup eu à dire non hein, mais c'est arrivé. Je crois à l'amour au destin aux vies des chats, j'aime faire la cuisine, je fais très bien les spaghettis alle vongole, les viandes en sauce, les sorbets je fais les sorbets moi-même avec la sorbetière de ma mère, elle travaille à la Standa avec moi, elle m'a un peu pistonnée mais je suis travailleuse je ne rechigne pas, je suis nerveuse très nerveuse en face de vous je suis qu'une pelote de nerfs tout emmêlée, c'est que j'ai plutôt l'habitude de parler pour rien dire, facile on sait que les autres n'écoutent pas alors que là je parle et je sais tout à fait bien pourquoi, je sens que vous m'écoutez alors c'est pire, pire qu'une pelote je suis un magasin de laine à moi toute seule, c'est un peu le grand saut vu que je sais tout à fait que je parle pour dire quelque chose que vous allez entendre, j'ai pas l'habitude, j'ai à vous dire que, vous croyez qu'on vit plusieurs fois? Je prends des chemins de travers, je fais mon petit Poucet à semer des cailloux sur la route mais vous ne bougez pas, faut que je me dépêtre toute seule, c'est ça? Je sais tout à fait bien pourquoi je vous parle des chats, c'est pour vous dire que, mais merde quoi aidez-moi vous voyez pas que je patauge?
CYRIL: Je me regarde prendre ta main et de mes lèvres emprunter ton chemin de petit Poucet , répondre par un baiser à tes cailloux, de mon haleine sur ta peau rouge, fermer ton magasin de laine.
Je te trouve vraiment pas épaisse, vraiment pas très jolie. Mais tu sens bon. C'est d'ailleurs la seule vraie chose que je te dis jointe à mon baiser.
SOFIA: Merci
CYRIL: Ben de rien.
SOFIA: Je ne sais plus quoi dire tu as embrassé ma main, si ma mère le savait elle me tuerait, tu crois qu'on nous as vus? Je m'en fous on doit être beaux à regarder, non tu crois pas? Enfin surtout toi, moi je sais que je ne suis pas très belle. Tu m'en veux, dis, de ne pas être jolie?
CYRIL: Pas vrai ce que tu dis.
SOFIA: Mais si regarde, ces trucs sur mes joues l'acné là j'arrive pas à m'en débarrasser, je fais ce que je peux mam ère m'a acheté des crèmes et de pommades et des lotions, j'y peux rien c'est ma peau, mais ailleurs c'est lisse, mais je, n'importe quoi ma pauvre fille, je veux dire je suis conne moi de te dire des trucs pareils, faut dire que tu m'as drôlement embrassé la main n'empêche, l'acné c'est rien qu'à cet endroit, à part ça je suis minus, j'ai pas de cul, mes jambes des gressins, et pour ce qui est des seins, j'ai les mêmes qu'à onze ans. Franchement tu me trouves belle?
CYRIL: Non.
SOFIA: Et tu m'embrasses quand même?
CYRIL: Oui.
SOFIA: C'est gentil.
CYRIL: Non.
SOFIA: Moi je te trouve beau.
CYRIL: Ca change quoi?
SOFIA: J'en sais rien mais.
CYRIL: Ca change rien.
SOFIA: Si ça change, moi s'il le fallait je pourrais te dire je t'aime là maintenant
justement parce que je te trouve beau, ne serait-ce que beau à ta manière je veux dire, c'est la condition sine qua non, comment veux-tu aimer quelqu'un qu'on trouverait vilain? Moi on peut pas dire que je sois belle ne serait-ce qu'à ma manière, je suis vilaine point, de toute manière.
CYRIL: T'as pas tort.
SOFIA: Donc tu peux pas m'aimer, tu pourras jamais, je vais pleurer.
CYRIL: Comment ça tu vas pleurer, prends un café ça va te remonter.
SOFIA: J'en assez bu.
CYRIL: Je me regarde à nouveau prendre ta main et de mes lèvres poursuivre mon chemin, m'en fiche que tu sois pas belle.
Je découvre une peur nouvelle: celle de te faire du mal.
Je prends soin de ta main en la reposant sur la table oui je prends soin de ne la poser ni sur les cristaux de sucre épars, ni sur les miettes de bouffe d'en-cas pas nettoyé. Un carré de table propre pour ta main minus.
SOFIA: Pas la peine de faire trop longtemps la maline je sais bien que tu vois clair dans mon jeu et puis c'est pas un jeu je suis amoureuse de toi, je vais pleurer.
CYRIL: Mais non.
Sofia: Ben si.
CYRIL: Mais non tu vois bien tu pleures pas.
SOFIA: Et voilà.
CYRIL: Ah si là ca y est merde.
SOFIA: C'est ta faute.
CYRIL: Ah merci. Mais je, enfin quoi? Je vais quand même pas te dire que je te trouve très jolie quand toi et moi on est d'accord pour dire que t'es plutôt vilaine, pleure pas je t'en supplie, tu sais moi je veux pas te raconter d'histoires, je suis comme je suis, tu es comme tu es, je te regarde et j'embrasse ta main, c'est immense pour quelqu'un que je ne trouve pas joli, putain c'est pas ce que je voulais dire pardon, t'en va pas, je veux dire c'est immense ce que je ressens déjà malgré que t'es pas comme j'aurais voulu que soit mon amoureuse, mais si ça doit être toi, très bien je ne proteste pas au contraire, je te dirais même des trucs du genre tu sens résolument bon et est-ce que ce serait possible de vérifier la peau sous tes fringues sans que ta mère nous tue et même des trucs plus vicieux si je voulais je pourrais te dire, des trucs du genre je t'aime pas mais on n'a qu'à essayer de vivre ensemble un de ces jours pour voir.
SOFIA: Tu veux vivre avec moi?
CYRIL: Holà doucement. J'ai pas dit ça.
SOFIA: Ben t'as dit quoi alors?
CYRIL: Mais qu'est ce que j'en sais embrasse moi et ferme un peu ta gueule.
SOFIA: Sur la bouche?
CYRIL: Non sur les pieds ! Evidemment la bouche.
SOFIA: Maintenant?
CYRIL: Oui.
SOFIA: C'est toi qui l'auras voulu.
CYRIL: Sofia m'embrasse, une poignée de secondes humides. Puis elle recule son visage dans un ralenti gracieux, mesuré. Là, dans ses yeux, je me vois tel que je suis. Sauf que j'ai une tête en poire et nu gros nez. Mais c'est bien moi qu'elle regarde avec ses yeux d'amoureuse.
Je ne sais pas quoi penser.
Je ne l'aime pas.
Je la trouve vilaine même si je dois lui reconnaître un fameux talent pour enrouler sa langue sur la mienne. Je vais passer le restant de mes jours avec elle, je crois.
"J'ai peur. J'ai peur. Si je me trouvais dans la forêt-jungle avec un tigre me déboulant au cul, au moins je saurais de quoi j'ai peur. Je dis pas que je saurais comment m'en tirer, je suis pas du genre à poignarder le coeur des fauves avec un canif, mais je pourrais peut-être sauter sur un arbre ou dans l'eau, je me coucherais dans les hautes herbes en suppliant le dieu local que le tigre ait bouffé sa gazelle le matin même, ou bien un chasseur viendrait me sauver comme dans les films du Bengale.
Mais là, dans la rue, à Bagnolet, y'a rien de tout ça, la panique est invisible elle est dans l'air elle te vient sournoise comme l'as des voleurs, tu te crois seul tout à coup on te prend la nuque et ça serre. Pourquoi j'ai peur? je me dis quelquefois. Tu as peur de mourir à ton âge? Même pas peut-être. C'est de la peur plus grave que la mortt. Plus vague aussi, plus dangereuse, comme un étouffement de brume. La mort, après tout je l'ai bien vu, ça vient comme l'orage dans un ciel qui l'attendait pas, tu inspires t'es vivant, tu expires tu es mort, vite passé brutal et puis tranquille, tranquille pour longtemps longtemps. Quant à savoir s'il y a quelqu'un là-bas qui m'attend avec un bâton pointu et du feu, ou au contraire avec du miel posé au bout des seins de femmes immortelles, ça franchement, je commence à bien m'en taper, ça semble le rêve des autres. "
When the pawn hits the conflicts he thinks like a king
What he knows throws the blows when he goes to the fight
And he'll win the whole thing 'fore he enters the ring
There's nobody to batter when your mind is your might
So when you go solo, you hold your own hand
And remember that depth is the greatest of heights
And if you know where you stand, then you know where to land
And if you fall, it won't matter, cuz you'll know that you're right.
"Quand tu es perdu dans la foule, suis le premier joli petit cul qui passe; tu ne retrouveras peut-être pas ton chemin, mais tu te perdras de manière plus agréable."
"Que je lui résiste la rendait folle. Elle croyait à une tactique de ma part. Ou alors j'avais un problème psychologique et devais me faire soigner. Elle avait des solutions pour mon cas. "Il faut que tu cesses de refuser la vie" me disait-elle. "Ne te prends pas pour la vie, rétorquais-je. Je ne refuse que celle que tu me fais mener."
-Ce n'est pas de ma faute.
-Il s'agit bien de cela.
Et ainsi de suite pendant sept années.
Ce qu'elle faisait de la langue m'étranglait plus que tout. Elle vait des mots plein la bouche, et des plus ronflants, des plus universels, qu'elle jetait en l'air sans souci de savoir où ils retombaient. Rien de ce qu'elle disait ne l'impliquait. Elle pouvait dire le contraire de ce qu'elle pensait et agir de même. C'était même un principe. jouir lui tenait lieu de pensée. Elle voulait profiter de tout. Profiter était son mot. Il fallait profiter. Mais aimer, vivre, exister, n'était pas profiter pour moi; il s'agissait de verbes différents. Le monde n'était pas un gâteau dont il fallait s'empiffrer avant qu'il ne soit trop tard.Quel monde? Quel gâteau?
Malgré ses petits seins et sa délicate fleur de peau, je ne pouvais souffrir sa syntaxe. Quand elle parlait, elle était des millions et c'était trop de monde pour moi. "
"Je m'étais mis à fredonner ma délicieuse mélodie et j'en tirais un plaisir démesuré, presque irréel, à tel point qu'il me semblait entendre tous les accords d'accompagnement, d'une manière de plus en plus nette. Ca ma faisait vraiment plaisir d'être vivant, ça me donnait des forces. Je me suis un peu excité, j'ai oublié où on était et j'ai monté le son, j'ai chanté plus fort, j'arrivais à faire avec trois doigts ce qu'un type normal aurait fait avec deux mains. C'était tout simplement magnifique. Je commençais à avoir chaud. Jamais, de toute ma vie, il m'était arrivé une histoire pareille avec un piano. Jamais j'avais pu en tirer quelque chose qui ressemblait à ça. Quand j'ai entendu une voix de fille s'ajouter à la mienne, je me suis dit, ça y est, un ange est descendu du ciel pour t'empoigner par les cheveux.
Je me suis redressé sans m'arrêter de jouer et j'ai repéré Betty sur la piano d'à côté. Elle tenait une main serrée entre ses jambes et de l'autre, elle plaquait les accords. Elle chantait bien, elle était rayonnante. J'ai jamais oublié le regard qu'elle m'a lancé à ce moment-là, mais j'ai aucun mérite, je suis fait comme ça, j'ai une mémoire des couleurs. On s'en est donné à coeur joie pendant de longues minutes, frôlant la béatitude et tout à fait inconscients du bruit qu'on faisait, mais il ne pouvait y avoir aucune limite à ce qu'on éprouvait, c'était impossible. Pour ma part, j'étais complètement largué. Je pensais que ça finirait jamais."
"Si j'en fais souvent trop, c'est que vous n'en faites jamais assez, et je vous serai gré de m'aider à rétablir l'équilibre; je suis de la balance, soyez mon balancier ou appelez l'ambulance, je crois que je vais tomber."
"- La différence qu'il y a entre un ange et une personne? Facile. Un ange, c'est presque tout en dedans, une personne, c'est presque tout en dehors.
Ainsi parlait Anna à 6 ans.
A 5 ans, Anna connaissait parfaitement le but de l'existence, la signification de l'amour, et elle était l'amie intime et le bras droit de Mister God.
A 6 ans, elle était théologien, mathématicien, philosophe, poéte et jardinier. Quand on lui posait une question, la réponse venait toujours, en temps utile. Parfois il fallait patienter des semaines ou des mois, mais alors, à son rythme et en son temps, la réponse venait, simple, directe, et parfaitement à propos.
Ses 8 ans, elle ne les eut jamais. Un accident l'emporta. Son visage souriait. (...)
J'en connais qui s'illustrent en naviguant autour du monde en solitaire, en marchant sur la lune, ou par quelque autre exploit. Tout le monde connaît leur nom. Mais de moi, personne n'a entendu parler et pourtant, je devrais être célèbre: J'ai connu Anna. Cette aventure là, c'était une grande première. Je ne l'ai pas connue vaguement, comme ci comme ça. La connaître exigeait un engagement total. Car je l'ai connue dans sa propre lumière, comme elle demandait à l'être: du dedans. "Un ange, c'est presque tout en dedans."
C'est ainsi que je me suis appliqué à connaître Anna, mon premier ange. "
"Tu fais tout avec le même sérieux, celui qu'implique ta position: casser tout dans les restaurants de luxe, hurler des insanités devant des hystériques comme toi, dorloter les copains, bosser comme un chien, déconner à perpétuité, avec beaucoup de compétences; pour le plaisir, toujours le plaisir, dont tu t'es fait un sévère devoir dans la vie. "
"Un peu chaque je vieillis, et même je le sens, bientôt ce sera fini d'être jeune. Si quelqu'un pouvait me dire ce que c'est vraiment la jeunesse et à quelle heure ça s'achève. Je me vois comme une sauterelle qui se penche sur l'eau pour dire bonjour aux poissons qui ont faim.
Ridicule ma vie, souvent je me dis ça, tu t'enfonces dans le tunnel chaque jour un peu plus, méfie toi les parois se resserrent, t'as plus de pile de rechange pour ta lampe et tu marches sur du danger; d'autres fois quand même je me rassure et je me dis que je travaille, que j'écris un livre peut-être, la raison qui me coince là, et pendant ce temps je sens la peur qui monte comme de l'eau sale, je sais pas pourquoi exactement. Ca commence par un creux pâle dans l'estomac le matin, surtout, et la langue chaude, je suis debout devant le lavabo j'ose pas me voir, même plus la force de m'insulter, j'ai du mal à bouger mon corps, même à me mettre sous la douche, je regarde dans la glace le lit ouvert, j'ai envie de me recoucher, de me couvrir la tête avec le drap, des fois je le fais.
Des fois je m'arrête quand je marche et j'ai les épaules bloquées, je suis fait de pierre et de béton subitement, je reste là je bouge plus j'attends que quelque chose arrive, quoi exactement, je sais pas. Après il suffit d'un klaxon qui passe ou d'un cri de chien et je me remets à marcher, je me dis qu'un jour peut-être je serai pas le seul à m'arrêter, tout le monde en même temps s'arrêtera se fixera, de la colle forte sous les semelles et réalisé sans trucage. "
"Quand un enfant veut s'amuser, il ramasse un bout de bois, il dit "poum-poum" et son copain tombe par terre, les bras en croix, en disant "Damned" s'il a appris le Français dans Tintin, ou "Aaaargh" s'il a appris le Français dans Spirou.
Puis le copain se relève en disant "on dirait que je suis un autre". Puis il sort de sa poche un cadeau Bonux et le braque sur l'ennemi en disant "On dirait que c'est mon rayon-laser"; puis il ajoute " Bzzzzz" et l'enfant tombe en arrière en disant "Vive la République" s'il a appris la Français en lisant La Démocratie Française, ce qui serait très surprenant. Enfin, les deux enfants repartent vers Jupiter, après avoir bu une grenadine en grimpant sur le tabouret de la cuisine pour pouvoir attraper la bouteille.
En revanche, quand un adulte veut s'amuser, il n'attrape pas un bout de bois. Pas con, l'adulte. Il prend un fusil qui fait "poum poum" pour de vrai. Et qui fait pour de vrai des trous dans le ventre de l'autre adulte qui tombe en arrière en criant "Vive la France" (l'Allemagne, le Roi ou la République. Rayez les mentions inutiles, et à mon avis, elles le sont toutes.)
Après quoi, son sang coule pour de vrai tout autour de lui, et il meurt doucement dans la boue. Puis les autres adultes ramassent les atomes et ils s'amusent de plus en plus sérieusement. A la fin, il y'a deux camps, et le chef du premier camp dit à l'autre "La concentration de missiles anti-missiles sur votre territoire nous contraint à renforcer notre sécurité en construisant de nouveaux missiles anti-missiles anti-missiles, bisque bisque rage."
Et le chef du deuxième camp répond "Si la concentration de missiles anti-missiles sur notre territoire vous contraint à renforcer votre sécurité en construisant de nouveaux missiles anti-missiles anti-missiles, nous n'hésiterons pas à renforcer la nôtre en construisant de nouveaux missiles anti-missiles anti-missiles anti-missiles, lalalèreu."
Et le chef du premier camp répond "C'est çui qui dit qu'y est" et la terre explose une bonne fois pour toutes.
Donc, les adultes sont plus sérieux que les enfants.
Par ailleurs, la naïveté grotesque des enfants fait peine à voir, surtout si l'on veut bien la comparer à la maturité sereine qui caractérise les adultes. Par exemple, l'enfant croit au père Noël. L'adulte non. L'adulte ne croit pas au père Noël. Il vote."
"Etre réactionnaire, c'était quand même galoper avec son temps, fût-ce sur un cheval fourbu. Il voulait, lui, ignorer son époque, la traverser par inadvertance. Les alcools lui paraissaient plus estimables. Dès qu'un malheur s'abattait sur lui, il buvait; Non pour oublier l'adversité mais pour la considérer avec plus de douceur, enveloppée d'un voile de gaze. Quand les vapeurs éthyliques se dissipaient, l'intruse était toujours là, plus brutale encore, mais il n'en avait plus peur parce qu'il s'était habitué à sa présence."
Men of good fortune
Often call Empire to fall
While men of poor begining
Often can't do anything at all
A rich son is waiting for his father to die
The poor just can drink and cry
And me, i just don't care at all
ils vous ignorent. Ensuite, ils vous raillent. Puis, ils vous combattent. Et enfin, vous gagnez. "
"Et si de l'obtenir je n'emporte le prix, j'aurai du moins l'honneur de l'avoir entrepris."
"Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés payés périodiques."
Baby I've been here before
I've seen this room and I've walked this floor
I used to live alone before I knew you
I've seen your flag on the marble arch
But love is not a victory march
It's a cold and it's a broken hallelujah
"La femme est le contraire du dandy. Donc elle doit faire horreur. Le femme a faim: elle veut manger. La femme a soif: elle veut boire. Elle est en rut: elle veut être foutue. Le beau mérite !
La femme est naturelle, c'est à dire abominable. Aussi est-elle toujours vulgaire, c'est à dire le contraire du dandy."
"A l échelle cosmique, l'eau est plus rare que l'or."
"Je suis toujours impressionné par l'incompréhensible, car cela cache peut-être quelque chose qui nous est favorable."
"Pendant que je roulais dans le train entre Marseille et Paris, ma mère fut broyée par un ascenseur. J'allai à son enterrement en arrivant. Je m'y ennuyais énormément. Je veux dire que je n'avais pas pris parti. au milieu de l'enterrement, pendant un silence, j'eus une impulsion et je fis un prout avec mon trou de balle, puis je souris largement aux gens furtifs, pour qu'on comprenne bien que j'étais l'auteur. Je venais ainsi de choisir mon camp."