Motus et bouche cousue

J'ai rien à dire. Ca arrive.
Comme un grand vide dont je prends salement conscience quand j'essaie d'ouvrir une nouvelle fenêtre dans l'ordinateur. Elle sonne déjà rouillée, y'a tout plein de traces de poussières, quelques débuts de toiles d'araignée. L'air qui en sort a comme un parfum de naphtaline, de produits anti-mites, de cave renfermée en somme. J'ai rien à dire. Je referme dans un grincement culpabilisateur.

Y'a peut-être trop de choses gardées, pas évacuées à temps pour éviter l'inextricable embouteillage de mots et de sensations, qui encombre ma syntaxe et engourdit mes doigts, tétanisés à l'idée d'affronter tout "ça". C'est pas un problème d'inspiration, c'est même le contraire: tout expirer me prendrait trop de temps.

J'ai rien à dire parce que tout est bêtement... enfoui.
Comme l'été empêtré derrière la multitude de couches de gris du ciel.
Au dessus des nuages, il fait toujours beau. Derrière mon silence, je suis toujours aussi bavarde.
Mais peut-être ne suis-je pas capable de voir l'intérêt de le raconter. Peut-être, simplement, quand on n'a rien à dire, n'y a-t-il rien de mieux à dire que ça: j'ai rien à dire. Et rendre feuille blanche.


Dans un monde parfait, à la publication de ce message, il devrait se mettre à pleuvoir. Un petit orage, même, ce serait pas de refus.

-maispastrop-