Inconnu, un connu.

Il y'a des gens qu'on aime tout de suite.
Quelque chose dans l'air qui nous rapproche immanquablement et les gestes qui nous parlent, se parlent entre eux; ensuite tout s'enchaîne comme sur les tapis d'une usine bien huilée, et ça fonctionne. Les boulons font leur boulot, les vis et les chenilles s'emboîtent, et je donne dans le champ lexical du bricolage aussi. Je pourrais même dire que le niveau annonce que c'est ok, il est satisfait, tout va bien au niveau du niveau de la mer. Sauf Venise mais ça...

Il y'a ceux qu'on aime pas, assez vite aussi et de manière relativement définitive. Ca passe pas, c'est comme ça, notre peau refuse la leur, c'est animal, épidermique et c'est point barre surtout.

Et il y a des gens qu'on aime plus tard, qu'on n'a pas remarqués au premier abord parce que le premier abord n'a pas réellement eu lieu, qu'on n'a pas les mêmes abords, ni les mêmes bords, ni rien d'évident en commun. Des gens qui ne se sont pas imposés et sur lesquels on tombe, presque au détour d'une rue qu'on prenait par lassitude du quotidien. Et à ce détour, on contourne autre chose à leur rencontre. On détourne peut-être l'habitude de s'acoquiner avec nos semblables par exemple; mais on ne sait pas trop encore.

C'est flou. Brouillon. Brumeux.

On va, à la manière des animaux, se renifler, tenter une approche tout en faisant comprendre qu'on n'est pas du genre docile. On préfère rester sur nos gardes face à cet énergumène. C'est un étranger après tout, n'est-il donc pas "étrange"? On se méfie, tout y allant, mais à reculons.
Et, parfois, l'étrange nous saisit.
Tous les endroits bizarres dans lui, ça comble quelque chose en nous.
Ca ne veut pas dire qu'on se laisse apprivoiser, bien au contraire, à mesure qu'on réalise sa différence, notre méfiance grandit; mais, proportionnellement, notre curiosité aussi. Et cette curiosité se mue en intérêt.
Et cet intérêt alors?
Cet intérêt nous lie.
Nos semblables nous confortent dans ce que nous sommes et nous réconfortent quand nous l'oublions, les étranges différents nous titillent vers ce que, de nous même, nous n'avons pas encore pris la peine d'explorer.
Explorer, c'est bon pour les aventuriers, et l'aventure, j'en suis. Mille fois. J'ai toujours aimé l'idée de découvrir, de, peut-être aller vers quelque chose dont je ne connais ni le nom ni la valeur mais que d'aucuns nommeraient "aboutissement", quel qu'il soit.

Et il fait un peu plus beau alors, sur une autre planête peut-être, mais il fait un peu plus beau quand même. Quelque part. Grâce à ça.


S'il y avait un livre qui expliquait "pourquoi on aime qui et comment", je m'empresserais de ne surtout pas le lire. Ce charme, indéfinissable, qui opère, je ne veux pas en connaître la formule parce que je veux encore- et peut-être toujours- être surprise.

Tiens, t'es pas mon genre, mais je passerais bien ma vie avec toi.

Et, qu'est ce qu'est, mon genre? Je ne veux pas le savoir.
Et qu'est ce qu'est ma vie? Non plus, merci.
Et qui es-tu, toi? Et toi-même?

-maispastrop-

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