Les premiers seront les derniers.

J’étais pas la seule à découvrir toutes ces choses dingues,
mais la première fois que je les ai faites, c’était au moins aussi bien que vos premières fois à vous. Et surtout, c’était les miennes.

De la même façon que je n’ai pas osé égarer ma virginité en public, j’ai préféré ma chambre, aussi, pour ma première cigarette et mon premier joint et ma première prise de conscience du monde et.
Et tout.

Y’avait une porte coulissante en bois, un bois épais qui laissait pas passer grand chose. Ni les odeurs, ni les mots, ni les décibels, ou les larmes; les longs soupirs que nous inspirent nos 15 ans . Parce que, merde, c’est dur quand même.
Et puis je pouvais fermer à clé aussi. Je précise parce que «porte coulissante» peut laisser entendre «intimité zéro», ce qui était loin d’être le cas. Chez moi, j’avais un autre chez moi, et on n’y entrait pas sans frapper. D’ailleurs on n’y entrait jamais vraiment. J’étais au bout de l‘appartement; on me voyait pas rentrer et par où j’étais sortie. On passait la tête, pour proposer «à table» ou ordonner «baisse cette musique» mais pas davantage. C’était mon chez moi à moi chez ma mère chez elle.
Le truc de la porte, c’était arrivé assez tard, vers mes 12 ans, quand on m’a collé un début de poitrine, j’ai exigé une serrure; puisque j’en avais une sur mon journal intime, ça me semblait implacablement logique, je devenais secrète et cachottière, collectionneuse de verrous en tous genre, et puis c’était marre.
Avant mes 12 ans, ma serrure était autrement plus conviviale: comme dans un film de famille un peu bidon qui sortirait en salle au mois d'août, j’étais une enfant fraîche, qui exigeait juste un mot de passe qu’on trouvait en s’adonnant à une fouille intempestive d’indices subtilement dissimulés dans les litières des chats ou écrits au marqueur dans l’allu qui entourait le poulet du midi. Ou glissés, justement dans le trou de la serrure qui n’avait pas encore de clé à l’époque.
Alors, ça m’amusait davantage de créer l’indice et d’entendre ma mère jouer le jeu que d’avoir 15 ans et simplement fermer ma porte à double tour et ressembler aux adolescents que les magazines décrivent. Du genre, les ados qui ont besoin d’intimité. Et de respect. Et de Nirvana très fort. Et peut-être même d’insultes à l’égard de celle qui porte l’utérus qui nous a permis de connaître Kurt chéri d’amour. Bref. J’ai bien fait mon boulot de «celle qui est là mais qui voulait pas et à qui on n’a pas demandé son avis alors faut pas l’emmerder, ok»?

La porte en bois, je l’ai pas claquée, puisqu’elle coulissait, mais je l’ai coulissée très fort pour marquer la rebelle que j’étais devenue. Beaucoup. Dont un nombre incalculable de fois inutiles et théâtralement exagérées.
Ca fait son petit effet aussi, quand ça glisse d’un coup d’un seul, et, me concernant, c’était bruyant comme j’aimais.
Le problème, c’est que, contrairement aux vraies portes qui, quand on les claque se ferment, celle là se rétractait après l’élan, et malgré mon envie de me tenir loin et coupée du monde trop dégueulasse et tout, laissait par là-même le centimètre suffisant pour entendre le petit rire étouffé de ma mère. Elle trouvait ça ridicule faut croire. Alors qu’il n’y avait rien de plus sérieux.
C’était la première porte que je claquais, c’est pas rien.

Mon premier joint avait un goût d’attaque nucléaire, selon les dires de ma gorge. Bien m’en a pris de faire ça dans mon chez moi du chez moi avec un ami de confiance. On était pas beaux à voir mais de toute façon, on s’en foutait royalement. Je crois qu’on avait trop chargé le pétard, dilettantes qu’on était. On vérifiait la véracité de la rumeur des garçons en 3° qui disaient que ça faisait rire et que ça donnait faim.
Je me souviens avoir élaboré toute une théorie, ce soir là, pour convaincre ma mère de mettre un frigo dans ma chambre. Et puis, le lendemain, j’avais réalisé qu’elle était cap’ d’accepter juste pour me voir comprendre que, vide, il ne servait à rien. J’avais pas demandé ça pour Noël finalement. De toute façon, on fêtait pas Noël.

La première cigarette était arrivée avant encore.
Ridiculement petite, du genre à tenir à 3 comme moi sur une banquette de voiture, je dormais un week end sur 2 à l’arrière d’une BMW kaki décapotable qui roulait très tôt et très vite sur l’autoroute. Et de 6h à 8h, des volutes séductrices arrivaient régulièrement jusqu’à mes naseaux frétillants. On ouvrait la fenêtre bien sûr, mais l’air n’y changeait pas grand chose, au contraire, il cristallisait l’odeur. Je trouvais le parfum follement super. Je voulais pas nécessairement en avoir, je savais que c’était pas de mon âge, mais pour moi, et, chacun ses goûts, ça sentait foutrement bon.

Alors quand on a eu l’âge que ce soit presque de notre âge de s’acheter un paquet de Marlboro Light par 10, ça a fait ni une ni deux, j’ai foncé et j’ai voulu vivre ce moment, dans mon chez moi de chez moi, pas avec les autres petites frappes dans le square à côté du collège. Pour moi, c’était un Moment, pour de vrai.
J’avais pas claqué la porte coulissante mais, au contraire,j’avais attendu que la maison dorme et je l’avais fermée tout doucement, j’avais marché sur les lattes du plancher qui grinçaient le moins et ouvert mes fenêtres, tout en veillant à ce qu’aucun voisin ne me voie. Je pensais sûrement que les voisins, c’était comme les premiers de la classe et que ça allait cafter. Dans le noir, invisible, excitée comme un pou, j’avais allumé le truc un peu comme ça, sans savoir, mais avec la folle envie de retrouver cette odeur de la banquette arrière et de pouvoir sortir de moi une fumée élégante et malléable. J’avais vu trop de films avec Humphrey et Lauren. Et j’avais toujours trouvé le mot «volutes» attractif.





J’avais sorti mon premier briquet, un Bic, je me souviens. Noir et tout. Parce que moi je voulais pas en faire des tonnes et me la raconter avec un imprimé hippie ou hip hop ou hop là, noir c’était parfait; c’était ma façon de crâner à moi, j’imagine. Et j’avais inspiré en me rappelant ce que Ludovic avait dit:

Tu aspires, tu as la fumée dans ta bouche et là, t’imagines que ta mère te voit et tu fais «Haaaan ! Maman», faut que ça touche ta luette en fait, au fond, peut-être que tu vas tousser, et puis tu recraches».
J’avais pas prévu qu’en plus de l’odeur que je voulais retrouver, il y aurait un goût. Le goût ne m’a ni plu ni déplu. Bon. J’ai pas retrouvé l’odeur. Soit. La cigarette était même pas finie que je rentrais déjà la cassette d’Aerosmith dans mon walkman en pensant à autre chose. J’étais même plus concentrée sur l’événement. C’était une déconvenue insipide, à peine j’avais commencé que j’étais déjà habituée, presque dépendante. Les mecs font bien leur boulot avec tout ce qu’ils mettent dedans, ils créent une déception séduisante et additive; non vraiment, y’a pas à dire, c’est un truc de pro.

Après les Marloboro et les joints, je suis passée aux garçons. Chaque chose en son temps.
J’avais oublié jusqu’à il y a une semaine ma première fois avec un garçon. Non pas que je n’y accorde aucune importance, mais j’avais choisi de garder le deuxième souvenir, le premier étant peut-être un peu, disons, bref; mais en vidant la pièce qui était ma chambre, mon chez moi, ma mémoire a jugé bon de remettre les pendules à l’heure et, comme on dit, «tout est revenu».
Ma première fois avec un garçon était aussi chez moi; comme une fille, j’avais voulu mon lit, ma déco, mon décor, le risque de me faire surprendre par ma mère, et mon matin. Peut-être finalement que je n’y ai pas tenu tant que ça, peut-être que c’est simplement dans mon chez moi que la mini nana que j’étais était cap de faire la Chose et que les choses se sont naturellement enchaînées, si je puis m’exprimer ainsi. Le garçon avait eu le droit de dormir chez moi, mais il était question qu’il reste dans la chambre d’amis, d’invités. On a cessé d’être amis quand je l’ai invité à me rejoindre chez moi et que, un peu comme pour l’attaque nucléaire du joint et l’évidence de la cigarette, ma première fois avec un garçon ne faisait pas tant clore le désert de l’avant qu’annoncer l’excès de l'après.

Y’a eu plein d’autres premières fois dans le chez moi de mon chez moi.
Y’a eu la première fois où une femme m’a proposé de venir vivre avec elle. Avec elle et son mari. Qui avait 3 autres femmes, en dehors d’elle j’entends. Y’a eu le suicide du voisin, qui a atterri dans notre cour, la tête dans la vigne vierge. Y’a eu l’incendie d’une rue entière, que je voyais, pétrifiée depuis ma chambre. Y’a eu mes premières règles, la preuve que j’étais humaine et cap de faire des humains comme moi qu’ auraient plein de premières fois. Y’a eu la première fois où je me suis réveillée avec un garçon dont j’étais incapable de penser quoique ce soit sinon qu’il fallait absolument qu’il reste emboîté, comme ça, à mon corps, en chaise. Y’a eu les premières lettres, écrites, reçues, et la révélation du plaisir qui accompagnait l’affaire. Y’a eu la première tromperie et la découverte de la raison d’être du mythe consistant à affirmer que ça blesse les garçons d’être embrassé juste après leur meilleur ami. Ou juste avant. Y’a eu la première naissance, à laquelle je ne comprenais rien. Par où t’es rentré et tout. La première mort, à laquelle je ne comprenais rien non plus. Par où t’es sorti et compagnie. Y’ a eu le premier livre que j’ai refermé sur mon torse en me demandant si un jour, je vivrai dans la vie aussi profondément que ça peut l’être par écrit. Y’a eu la première dernière page d’un livre. Y’a eu la première fois où j’ai réalisé que c’était les livres qui allaient m’écarter de pas mal d’énième fois inutiles et il y a eu aussi le jour où j’ai réalisé que je commençais à avoir fait le tour des «premières fois».

Bien sûr, un jour j’aurai mes premières rides. Et mes premières pluies acides. Je sais que ça viendra par paquet, que je ne saurai plus trop distinguer l’histoire dans l’historique et qu’en terme de première fois d’enfant, entre guillemets, j’arrive au bout; au bout du début.

Alors, il y’a eu la première fois où je me suis sentie non pas adulte ni grande, que nenni, la première fois où je me suis sentie d’aller à l’étranger avec un garçon sans bagage, plutôt. Et de quitter mon chez moi du chez moi. Sans trop y penser, juste happée par l’aspiration inspirante de l’à venir, à l’aveuglette, comme ça, pouf.



Et puis, dans le même élan, la première fois où j’ai pris mes CD du chez moi de mon plus trop chez moi pour les mettre dans un ailleurs, et la première fois où mon ancien chez moi est devenu un bureau rempli de trucs excessivement sérieux et la première fois où le chez moi de mon chez moi était dans un nouvel appartement, le «chez moi» d’un autre, disques et tout y compris, mais plus du tout là où j’avais eu mes premiers rapports nucléaires. C’est passé sans prévenir, j’avais encore les clés de là bas et il y restait quelques affaires dont personne n’avait jugé utile de se séparer et qui avaient l’avantage d’entretenir un bordel qui n’existait plus réellement et de marquer un territoire qui n’était plus à personne. J’avais jamais pensé à la première fois de ma mère qui voit partir sa fille et qui, peut-être, passe devant une chambre vide où y’a même pus de musique à baisser.

Les chats me reconnaissaient moins facilement; parfois, un ustensile de cuisine changeait de place sans que j’en aie été prévenue en première dépêche, parfois, la cuisine elle-même changeait de place, et les voisins faisaient des enfants, je veux dire des enfants qui grandissaient en plus, et qui allaient m'appeler madame dans le hall d’un immeuble où j’avais même pas été ne serait-ce qu’une demoiselle.

L'appartement, mon premier appartement, je saurai le dessiner les yeux fermés, les poings liés. Pourtant, quand je veux le décrire, le raconter à un autre, tout se mélange et je réalise que je n’ai jamais fait vraiment attention à lui; parce qu’il était là, toujours là, comme un membre de la famille j’imagine. Les gens qu’on voit tous les jours, on n’est pas capable de remarquer s’ils ont minci, et on est toujours les derniers à comprendre qu’ils s’en vont.
Il est compliqué cet appartement, il est fait en U, autour d’une cour. On voulait faire de la cour une vraie véranda et casser les murs pour en faire un O idyllique. On aurait eu un petite mare, avec des petits poissons, pour amuser les gros chats. On avait pensé à un perroquet, puis 2 pour qu’il(s) ne s’ennuie(nt) pas. Et puis, on s’était dit qu’un perroquet ou 2 dans une véranda à Paris, c’était un peu comme poser nos chats sur une branche dans le désert. Sans compter que ça vit longtemps, un perroquet. Alors on savait qu’une de nous 2 allait mourir avant eux, c’est un aperçu qui nous avait un peu soupé l’envie. Et puis de toute façon, la copropriété avait refusé l’idée de la véranda. Parce qu’ils auraient pas supporté la jalousie que leur aurait inspiré chaque jour la vue sur notre eden. Bon.
Les salles de bains ont changé de pièces, le couloir est devenu un dressing, la chambre a exigé une mezzanine et le piano a refusé d’être autant dans les courants d’air. Pendant les travaux, on vivotait autour d’un bec benzène dans une moitié d’appartement et on continuait de dessiner des plans d’architecte pas trop mauvais pour d’autres projets pas toujours réalisables.
Tout ce qui aurait pu être possible, je m’en souviens comme si c’était hier. Mais la salle de bain aux mosaïques turquoises sur lesquelles on écrivait pour que j’apprenne à lire, depuis la baignoire sabot, c’est comme si c’était pas ma vie. Faut qu’on me raconte sinon je me souviens pas. J’oublie pas la couleur de tes yeux, elle est comme un doudou pour moi, mais je regarde dedans tous les jours, alors je sais plus vraiment les nuances et combien t’en as.

Y’a eu une autre première fois à laquelle j’étais pas préparée.
Souvent, de nos jours, les dates importantes marquant une période non moins mémorable naissent dans des combinés de téléphone.

-Allô? -Oui, alors, il faut que tu me dises si tu veux des plantes et de la vaisselle parce que là, ça y est, la vente est en cours, j’ai un acheteur, et je veux pas tout garder, hein, donc tu viens faire le tri. -Heu, ... allô?

Ca peut pas être à moi qu’on parle.
Y’a pas 36000 possibilités.
Soit un membre de la famille meurt d’un coup d’un seul et c’est trop foudroyant et on parle pas tout de suite de vaisselle; soit un membre de la famille meurt des suites d’une longue maladie et je me serais attendue à ce moment auquel cas j’aurais pas été foudroyée à ce point.
Ni l’un ni l’autre.
Je me sens flouée.
Je me sens haineuse du monde entier. Encore un truc qu’on goupille dans mon dos. Foutus capitalistes. J’ai envie de coulisser ma porte comme jamais. Kurt, steupl’, chante pour moi.


C’était une première fois qui en annonçait d’autres, une réaction en chienne, un effet boule de neige, en hiver, et moi qui me sentais comme un cliché.
Après, y’a eu cette première fois où il a fallu mettre les livres dans des cartons et les miroirs dans des tissus. Je me sentais lâche, c’est absurde, mais je me sentais lâche de partir avant que ce soit la fin. Je voyais pas l’utilité de décider s’il fallait ou non garder les photos de colonies où je ne me souvenais pas avoir été, s’il était urgent de jeter des livres dont on est le héros, dans une nouvelle vie où j’étais manifestement un personnage secondaire. Les choses se faisaient sans moi, et encore une fois, j’arrivais pas à me faire à l’idée, pourtant, «en amour» comme on dit, «en amitié» comme on croit, je suis la première à partir avant les ruines, mais là, vraiment... Il fallait que tout soit tombé, que l’endroit soit démoli ou peut-être simplement haï pour que j’accepte de faire table rase.

Je repose un carton K7 audio.
-Je...Excuse moi, juste, je me dis un truc là, pourquoi tu partirais pas quand ce sera la fin plutôt?
-Pardon? Tu veux dire quand je mourrai? C’est agréable...
-Mais non, rhoooo, la fin, la fin d’ici quoi.
-Mais... C’est la fin, Manon. Les papiers sont signés. On va pas attendre un ouragan quand même.
Je le sais, là, j’ai renfrogné ma tête, un peu en arrière, ce qui me fait une sorte de double menton tout à fait attrayant, je le sais, j’ai eu 12 ans en une seconde.
-Trop pas. Il est encore là l’appart. Il est pas fini. Regarde.Tu pars mais bon, j’veux dire, tu vois quoi, c’est trop pas la fin, attends.
-Qu’est ce que tu parles mal. C’est quoi ces phrases? Et elle rit.
-On s’en fout de comment je parle, ce qui compte c’est ce que je dis.
-Et tu dis n’importe quoi. La fin c’est maintenant. Vis le tout de suite.
-Nan. Nan, je suis pas d’accord.





-Bon, écoute, on en parle dans le camion, ok? Tu peux descendre ces cartons?

Les trucs un peu tristes se passent toujours très vite ou c’est juste pour moi?
A peine j’avais réalisé la rupture qu’on rendait déjà les clés. J’étais adulte en un claquement de doigt. J’avais même pas eu le temps d’enlever le porte clé en forme de langue Rolling Stones.
Ca voudrait dire que chez moi maintenant, c’est là où j’habite? Là où rien n’est jamais rangé, là où ce serait pas de refus qu’une porte coulisse tellement j’y ai installé la continuité de mes colères de mes 15 ans; ça voudrait die que je suis une adulte et que toi, qui pars de là, t’es vieille et que, eux, qui s’installent chez nous, ils ont toute la vie devant eux?
Non mais ho. Et tout le monde fait ça? Et les gens s’en sortent? Et c’est une préoccupation bourgeoise? Et t’en as d’autres des scoops dans le genre?

J’ai du y repasser, pour régler des broutilles soit disant.

Je ne sais pas si découvrir le chez soi de son chez soi vide et seul, où les soupirs qui nous échappent résonnent comme en enfer en se répercutant sur des murs dépités d’être déshabillés, où le sol a gardé la trace d’un lit qui a dormi là 18 ans, l’emplacement où un poster Mickey avait été remplacé par un poster Nina Hagen qui avait été remplacé par des inscriptions à même le mur, et voir pour la première fois l’espace sans le contenu, comme un corps, en fait, comme un corps déjà froid... je sais pas si on peut appeler ça «régler des broutilles».
On règle rien, on découvre des nouveaux couloirs dans notre tête.
Et on aimerait beaucoup que ce soit des broutilles, ces couloirs. On aimerait être une broutille, en fait, de haut en bas. Et que les couloirs ne mènent pas à des culs de sacs poussiéreux.

C’est la première fois que je me dis que tous ceux qui n’auront pas vu cet endroit ne me connaîtront jamais vraiment. Et c’est peut-être aussi bien, le temps me le dira. Le temps a plein d’occases.

J’aurai d’autres premières fois, j’en doute pas. J’aurai mon premier avortement, mon premier deuil, mon premier accident, ma première dette, mon premier dernier, mon premier dentier, mon premier souvenir amusé de tout ça, un jour, sûrement, mon premier dernier souffle, j’en doute pas.
Mais on a qu’un mausolée, et à chaque fois que je passerai sous les fenêtres de là bas, c’est à dire mes fenêtres à moi, si je vois de la lumière et de la vie, ça m'enlèvera un peu des 2, à moi.

-maispastrop-

1 commentaire:

Unknown a dit…

Personnel et universel. Gorge nouée. Bravo.