A s'assoier sur un divan, 5 minutes, avec toi.

Je ne partage pas tellement l'opinion selon laquelle on ne serait que ce que notre enfance et notre éducation ont fait de nous; je la trouve réductrice, grossière et approximative, cette opinon. Ca me fait pester.
Je dis des trucs comme "pffff" ou "rholala" voire "...(soupir)...(grimace)..." dès que quelqu'un, même quelqu'un que j'aime bien, se lance dans de la psychologie de dilettante.

Je suis pas d'accord.

J'aspire, surtout, à être bien davantage. Et il se trouve que j'ai assez confiance en moi pour estimer que si mon corps est constitué à 60% d'eau, mon âme est charpentée à 75% de ce que j'y ai mis.
Beaucoup de ses 75% sont influencés, évidemment, par ma petite enfance, comme on doit dire, et les nombreux traumatismes que les cours de récré ou les boutons d'acnée représentent; mais par la suite - et, plus le temps passe-, ces trois quart de moi ne ressemblent finalement qu'à moi. Le reste, je fais avec.
Je ne peux pas être seulement le résultat de l'accouplement de deux personnes, deux récipients génétiques, deux tuteurs qui m'auraient modelée comme une pâte à ça, être modelée. Parce qu'alors, ils ne seraient eux-mêmes, les deux coupables, que le résultat des quatre autres, au-dessus, dans l'arbre. Et ainsi de suite.
Alors on n'en finirait plus et personne ne serait jamais rien. Or chaque jour, tout nous prouve le contraire.

Mon enfance m'a marquée, sur le front entre autres, d'une jolie cicatrice et, partout ailleurs, de souvenirs mais de grands black out aussi. Avant mes 7 ans, c'est comme si je n'avais pas été là, y'a rien dans mon journal intime, ni moi ni personne, pages blances éblouissantes ou arrachées, même; mémoire en berne comme le drapeau d'un pays en deuil ou le sexe d'un homme qui a trop bu.
D'accord, après ressurgissent les fameuses madeleines et tous les Proust qu'on voyait traîner dans les bibliothèques des maisons de campagnes vendues depuis, qu'on n'a pas lus; il y a les images floues qui débarquent parfois et nous laissent un peu hébétés, sous le choc, comme avides d'encore les frôler.
Ces parenthèses là ne me définissent pas. Elles sont comme des souffles entre deux respirations gardées, un hoquet à dompter, elles ne dessinent pas mes contours, uniquement un mini bout d'une mini part d'un mini noyau de la mini moi. Et chacun sait que les noyaux, ça ne sert à rien sinon à être crachés en visant un endroit ou une personne, qu'on espère, tant qu'à faire, atteindre. Ce genre de choses amuse le commun des mortels, si si, je vous jure.

Peut-être aurait-ce été plus simple, néanmoins, de tout me rappeler et de n'être qu'un cocktail de souvenirs mais ça n'est pas le cas, et il n'y a vraiment pas grand chose, ici bas, de catégoriquement simple.

Je me suis définie malgré, avec, mais aussi, contre tout ça, ce qui était censé être moi. Il y a tout un tas de choses dont je n'ai pas voulu, boudant à l'idée de les intégrer dans ma carte d'identité comme devant un bonbon périmé. D'ailleurs, j'ai jamais aimé les bonbons. Et c'est pas de famille, ça. Comptez leurs caries, vous verrez bien.

Je sais pas trop où je veux en venir. Tout comme je ne sais pas tellement non plus d'où je viens. Et entre temps, je me promène.
Un jour, j'ai vu un psy. J'ai toujours adoré ça, les psys. Il y a quelque chose d'anormalement plus fol dingue chez eux que chez nous, c'est comme les émissions de télé réalité, ça nous rassure. "Ouf, j'en suis pas là, y'a pire, bien pire, bien bien pire que moi". Et on souffle, tout soulagé d'être simplement un peu barge au milieu de gens salement plus attaqués.
Ils travaillent à soigner l'âme, comme des confesseurs modernes, c'est comme ça qu'ils gagnent leur vie alors qu'ils sont peut-être eux-même en perdition et que personne ne leur tendra la main, ou juste un verre. On partage rien avec eux, on déballe, on lance nos trucs, on déverse, on, on, on est seuls face à eux, on s'en fout, pourtant ils sont humains, ils vivent avec leurs-poumons-leurs-coeurs-leur-anatomie-et-leurs-parties-génitales et c'est d'ailleurs tout l'intérêt. Sinon, autant garder son argent et parler à un mur.
Qui s'occupe de savoir, quand il sort de chez son psy, si ce qu'il lui a dit ne l'a pas bouleversé.


Mille fois j'ai rêvé que mon psy décidait de changer de vie après m'avoir dit au revoir. En coupant les ponts et prenant un billet pour le bout du monde. En essayant de retrouver une connaissance de jeunesse avec qui il n'avait jamais fait le premier ni aucun autre pas. En ouvrant le gaz. Mille fois j'ai rêvé ça. J'ai été surprise autant de fois de les voir m'ouvrir, à l'heure derrière la porte, alors que secrètement, j'espérais un bouleversement. Leur mort peut-être même, et alors?

"Mademoiselle, Mr X n'est plus de ce monde, l'enterrement aura lieu tel jour"
"Mademoiselle, Mr X a mis fin à sa carrière de psychanalyste pour enfin se consacrer à son amour du hard rock".
"Mademoiselle, Mr X a connu une mauvaise passe, il a du être interné".
Je considère certainement que ce que je dis est bouleversant pour m'atendre à que ce qu'ils soient bouleversés. Oui. En fait, oui.
Et d'ailleurs, si je ne les considérais pas comme tels, les trucs que je raconte à ce fou qui est passé à côté de sa vie, alors je n'irais pas le voir.

Un jour j'ai vu un psy. Comme je séchais la plupart des cours, comme mes fréquentations se
dirigeaient inéluctablement vers les moins fréquentables, comme mon relevé de notes s'en ressentait, comme la femme qui m'avait mise au monde avait toujours été première de sa classe avec 3 ans d'avance, il a fallu qu'elle s'inquiète pour moi et, du même coup, relègue. C'est comme ça, un jour, les profs, les conseillers d'orientation et les parents rendent leur tablier. Ca c'est ce qu'ils disent, parce que la vérité, c'est qu'ils ne font que le prêter, le tablier.
A quelqu'un de très autorisé.
En l'occurrence, mon premier psy. Il était donc dorénavant en charge d'un bout de tissu à rendre sans tâches de sauce ou d'éclaboussures de tomates. Il devait se douter de tout ça et avait accepté sa mission en connaissance de cause perdue.
C'est parce qu'il connaissait ma mère, et que sa fille était au lycée avec moi (et que, entre parenthèses, il lui aurait fallu beaucoup plus de psys que la terre ne peut supporter) qu'il s'est proposé de me recevoir.

Je me rappelle le premier rendez vous, je m'étais pomponnée. J'allais pas à la boulangerie quand même, faut pas déconner, j'allais raconter ma vie à un type qui avait fait des études pour savoir si elle était comme il faut, ma vie. Alors j'avais rangé mes cheveux dans un chignon très bien elevé et échangé mon tee shirt chanteur de rock bientôt mort d'overdose ou assassiné par sa femme contre une chemise blanche que mon père avait oubliée.
Avec mes manches trop longues et les mèches finalement rebelles qui s'évertuaient à retomber sur mon front en l'honneur de l'icône de t-shirt délaissée plus haut, je vérifiais sur ma main l'étage écrit au stylo bille.
Bon.
Ca a tourné court.

Assez vite, il a vu que j'avais un paquet de trucs à dire alors assez vite il a dit à ma mère que vu le paquet de trucs que j'avais à dire, ce serait bien, mieux, bien mieux, et plus professionnel que je consulte (oui il a dit "consulté" alors que j'avais 15 ans, quand je vous dis qu'ils sont maboules) un collègue qui serait payé. Il en avait justement un à me conseiller.

Ma mère a fait des yeux de merlans frits. Je mets l'expression au pluriel parce que je veux souligner son étonnement qui était énorme. Mais je veux aussi, en passant, souligner le fait que personne n'a vu un merlan se fait frire les yeux.

Elle a même dit:

-Quelqu'un qui serait payé... vous voulez dire... (elle a rougi; je n'étais pas là mais j'y mets ma main au feu même si on n'a jamais vu non plus une personne qui avait tort mettre, pour de vrai, sa main au feu) vous voulez dire... mieux que vous?
-...Mieux que moi? C'est à dire?
-Et bien, mieux, enfin, + que 150 francs la séance? (c'était en francs, j'étais jeune, laissez mes rides tranquilles).
-Mais de quels 150 francs parlez-vous?
-Mmmmh, et bien de ceux que chacune de vos séance vaut. (elle a dit "vaut" au lieu de "coute" parce qu'elle est diplomate et qu'en plus elle a fait des études de sociologie, de pharmacie et de droit et avec 3 ans d'avance, comme je disais plus haut).
-Manon vient gracieusement enfin! de quels 150 francs parlez-vous?

Là, étrangement, ma mère a compris assez vite.
Et, assez vite aussi, elle a comptabilisé le nombre de fois où j'étais allée voir "gracieusement" ce monsieur tout en lui demandant à elle, "grassement", de quoi payer la chose.

Mmmmh, 150 francs multiplié par 8, ça fait mal à l'argent de poche d'une menteuse qui s'achète, grâce à lui, des cigarettes et aussi des cigarettes mais pires. J'ai du rembourser. Du coup, j'ai revendu les cigarettes pires à tous ceux qui n'en connaissaient pas encore précisément le prix.
Mais tout ça a fait que, là haut, dans l'arbre généalogique, on est passé d'un nonchalant et contemporain "Pourquoi ne pas lui faire rencontrer un psy" à l'angoissé "T'as pas un psy? un super psy? un psy vraiment genre heu...ma fille ça va pas là, trouve moi un bon super psy vraiment".

Alors on a trouvé un bon psy-super-vraiment. Les parents ont des répertoires qui débordent de ce genre de contacts.

Ma mère a tenu à lui raconté mes arnaques, et lui, il a tenu a ne pas en entendre trop, de sa bouche à elle. Il a dit "Vous voulez qu'on se voit dans la semaine? Je peux peut-être vous trouver une heure, mercredi, entre 15h et 16h" et ma mère, grâce à ses études, ses trois ans d'avance et le fait qu'elle soit la personne la plus incroyable de la terre, a dit "Merci, non".
Dans ce sens là, pas dans l'autre.

Un jour, j'ai vu ce psy, mais j'étais un peu anxieuse. C'était un jeudi. Ca me contrariait parce que, le jeudi était un jour que j'aimais bien. Il s'articulait autour de pauses, d'heures de trous -comme on s'acharnait à dire hypocritement- et de cours auxquels j'avais décidé depuis longtemps de ne pas me rendre. En fin de journée, j'avais séché la bio pour aller me concentrer au café sur mon rendez-vous à venir. La bio. Non mais franchement. Un cours sur l'anatomie des grenouilles ou la reproduction des humains ne m'aurait vraiment pas aidée, soyons honnêtes.
J'aimais bien aussi le vendredi, je n'étais plus cancre alors mais au premier rang. On finissait la semaine et on commençait tard par le cours de français, mené de main de mapitre par ma mère adoptive. Suivi du cours d'anglais. Suivi du cours d'expression corporelle. Je commençais tout ça par une "cigarette pire" et, à 17h, quand la cloche disait "c'est bon, rentrez chez vous bande de glandeurs", moi, pour une fois, j'aurais pu remettre une tournée avec plaisir.

Je savais plus si c'était un rendez vous ou un pointage. Fallait-il que je montre que j'étais "bien" ou que je laisse le méchant mal s'exprimer sur le divan.
Bon, j'ai sonné, et puis, il a ouvert. Jusque là, j'étais assez déçue, je trouvais que c'était très normal, tout ça. Même les escaliers pour arriver à son 3° étage, étaient d'une normalité effarante. Et puis, il a ouvert.
Bon.

J'ai produit tellement de trucs dans ma tête à son propos que les pensées et les phrases se superposaient là haut. Et, au fait, c'était des trucs/pensées pas super.
En vrac:
il est moche, mal fagoté, il serait pas incroyablement vieux en prime? genre 35 ans, qu'est ce que c'est que ce tableau et ce cadre outrageusement doré?, j'aime pas comme il me sert la main, j'aime pas qu'on me serre la main de toute façon, non mais il pourrait pas mettre la salle d'attente plus loin de l'entrée pendant qu'il y est , tiens c'est qui ce joli truc masculin dans la lointaine salle d'atttente, pourquoi y'a un assemblement de magazines improbables comme Gala et Psychologies, plus rien n'a de sens, c'est déjà mon tour?,oui mais non j'ai envie d'aller à lourdes maintenant que je suis lancée dans les trucs zarbes, où est le joli trucmasculin tiens, je veux voir ma mère, changez moi ce tableau et ce cadre non d'un petit bonhomme.

-Mademoiselle, vous préfèrez que je vous appelle par votre prénom ou que je vous apelle Mademoiselle Troppo, que je vous vouvoie ou que je vous tutoie?
-Ok, heu, je croyais que c'était moi qui posais les questions en fait.
-Quelles questions?
-Bah j'en sais rien, c'est votre boulot. Des trucs genre "comment vous vous sentez est ce que vous etes toujours amoureuse de votre père / vos souvenirs d'enfance occupent-ils beaucoup de place dans vos journées", tout ça tout ça quoi.
-Vos souvenirs d'enfance occupent-ils beaucoup de place dans vos journées?
-Vous me la faites à l'envers là, non?
-Je ne sais pas, vous vous sentez comment?

Un jour je suis allée chez un psy et un autre jour, j'ai lu un livre. C'était incroyablement fort et extrêmement ressemblant. Dans les similitudes et les sensations donc.
J'aurais aimé avoir lu ce livre avant de rencontrer ce psy.

-Pourquoi est ce que je vous la ferais à l'envers?
-Non mais je vous énumère ce que vous pourriez dire et vous reprenez une de mes phrases pour... pfouh, laissez tomber.
-Très bien, vous voulez vous installer sur ce fauteuil Manon?
-Je préfère que vous m'appeliez par mon nom de famille.
-D'accord vous voulez...
-Pas très confortable ce fauteuil. Dans les films ça a l'air plus cool.
-C'est toujours plus cool dans les films.
-Vous avez pas vu Délivrance.
-En effet, non.
-Et vous vous prétendez psy? Vous avez pas vu Délivrance et vous vous prétendez psy?
-Je le regarderai.
-Non non non, hé ho. On va pas partir sur la patiente qui conseille des films à son psy, s'il vous plait.
-Comme vous voudrez.
-Bref.

Son fauteuil, en vrai, n'était pas si mal. Un club, marron, qui avait vécu et dont les accoudoirs commencaient à pelocher, autant dire L.E.P.I.E.D. Je sais pas pourquoi, j'avais envie de critiquer alors j'ai critiqué la première chose qui me tombait sous la main. Non pas que je m'asseye sur ma main, mais vous voyez. De toute façon, les expressions françaises sont à dormir debout. (Que celui qui a déjà dormi debout lève la main qu'il a laissée dans le feu parce qu'il avait donné sa langue au chat qui s'absente quand les souris dansent et déposent des dents sous les oreillers sur lesquels on dort, bien entendu, sur nos deux oreilles, mais alors à grand renfort d'assouplissements).

-En vrai, je vous ai dit que votre fauteuil était pas confortable mais y'a pire.
-Vous vous sentez bien alors?
-Bien, heu. J'irai pas jusque là.
-Vous iriez jusque où?

Je fais une moue bizarre là, et dans ma tête je réponds quand même "jusqu'au bout".
-Attendez, vous allez pas me faire le coup de rebondir sur chacun de mes phrases, si? Non parce que j'en attends un peu plus de vous.
-....Vous attendez...
-ET NE ME DEMANDEZ PAS CE QUE J'ATTENDS DE VOUS.
-Pourquoi pas?
-Parce qu'alors c'est moi qui fais tout le boulot. Et dans ce cas, c'est vous qui me payez à la fin.
Il fait une moue bizarre là. Il doit lui aussi penser à des trucs.

-Ecoutez, je suis là, je sais même pas trop pourquoi. Parce que ma mère s'inquiète + ça m'amuse + on peut parler des heures. Mais si je rentre en disant que vous êtes un gros naze + je me suis pas amusée = vous ne me reverrez plus.
-Qu'est ce que vous attendez de moi?
-...
-Si tant est que vous attendiez quelque chose de moi...
-Oui bah justement...
-Justement?
-J'aimerais, comme je vous ai dit, que vous fassiez pas vos répliques selon mes phrases, ça me déprime quand vous faîtes ça.
-Je ne le ferai plus.

Je sais pas si je le crois, il n'a même pas promis sur la tête de sa mère. Il tripatouille des trucs. J'aime pas quand les gens avec qui on vit, l'air de rien, un peu de complicité, tripatouilllent des trucs qu'on peut pas voir.

-J'aimerais aussi que vous ne tripatouillez pas des trucs que je peux pas voir dans vos tiroirs.
-Pardon mais je suis dans mon bureau et je ... "tripatouille" comme vous dites, ce que je veux, Mademoiselle.
-Ok. C'est vrai. Vous marquez un point. En même temps, j'ai arrêté de compter tellement vous êtes à la masse.
-Ah parce que c'est un match?
-Ah parce que vous croyez que c'est pas ça la vie, un match?
-Et on serait à combien alors?
-J'avais dit de pas reprendre mes phrases pour repartir sur vos astuces pour soit disant me cerner. Mais, puisque vous me le demandez: on est à 1/12.
-Ca n'existe pas.
-Enfin vous prenez position!
-De quoi avez vous peur?
-Ouhla!, vous prenez trop position.
--Vous ne voulez pas me le dire ou vous ne le savez pas?
-... Vous savez, quelles que soient les choses dont j'ai peur, y compris celles dont je n'ai pas connaissance, il y en a une qui m'effraie par dessus-tout. Et vous allez me demandez laquelle.
-Si vous voulez me la confier, oui.

"Confier" est un mot qui sonne agréablement et puis, j'avais décidé depuis mon cours de bio de commencer par ça, donc oui, je me confie.

-Je ne sais pas vraiment si ce que nous faisons là a un sens, et attendez, je vous vois réagir, ne m'interrompez pas, je me fiche que ça ait un sens ou non, mais je me demande si ça un résultat. Et si ça a un résultat, je sais celui que je ne veux pas avoir.
-...
-Je ne veux pas, c'est à dire: je refuse de me connaître complètement. On sait jamais, tel que je vous vois, vous payez pas de mine, mais vous êtes peut-etre un magicien, alors je ne veux pas de tour de magie et ressortir un jour d'ici en sachant exactement pourquoi j'aime être seule quand on m'attend et pourquoi un bruit de scooter dans la rue, la nuit, me plobe plus qu'on ne peut l'imaginer, je ne veux pas savoir si je n'ai pas aimé la façon dont on a changé mes couches culottes et pourquoi le petit moche, dans le coin de la cour me donnait envie de soulever des montagnes dans l'idée de le protéger des méchants garnements. Je sais déjà pourquoi le réchauffement climatique est la plus grande tristesse que j'aie jamais portée et je ne veux pas entendre un de vos adjectifs sur cette sensation, je sais que je pourrai faire mieux, me donner les chances et oublier ce qui est triste et révoltant mais je crois commencer à comprendre pourquoi je n'irai jamais dans cette direction, aussi... aussi, c'est pas vous qui allez faire de tout ça un dossier de patient. Et je compte sur vous, je vous demande de ne pas faire de moi un dessin avec des traits reliés partout expliquant ceci parce que cela.
-...
-J'ai terminé.
-Je.
-Vous êtes pris au dépourvu, là?
-Un peu oui.
-Dites moi pourquoi, vite.
Je veux qu'il reste dans son émotion, ça part vite chez ces gens là.
-D'habitude, les gens viennent parce qu'ils veulent quelque chose qu'ils n'atteignent pas. Or, vous venez de dire tout ce que vous ne vouliez pas.
-...
-Alors, d'accord. Je prends note. Et maintenant, j'aimerais savoir ce que vous voulez.
-Il va falloir qu'on se revoie.
-Ca ne fait pas encore 45 minutes.
-Je préfère reporter le temps qu'il reste à la prochaine fois. Il nous faut du temps à tous les deux pour digérer tout ça.
-rires-
-Je ne prends pas votre rire comme du mépris, j'ai raison?
-Vous avez raison. On se revoit jeudi prochain à la même heure. Et plus longtemps.
-Est ce que ce serait possible de se voir plutôt le vendredi?

Il a dit oui. Les gens formidables disent toujours "oui" quand ils savent l'impact que pourrait avoir leur "non". Les gens formidables disent toujours oui, de manière générale, parce qu'un non de leur part a toujours un impact.



-maispastrop-

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C. a dit :

Bonjour,

J'ai ri en essayant (vainement) de vous imaginer avec de l'acnée juvénile en train de vous questionner sur un cours decrivant la dissection d'un batracien !
Mademoiselle, je dois dire que vous me manquez quand vous n'êtes ni ici ou là...
Bien à vous qui êtes aussi belle ici qu'ailleurs !