En noir et blanc

Pardon, tout d’abord.
Je m’excuse. Et puis, c’est déjà trop grossier ; je ne m’excuse pas moi-même toute seule, ce serait trop facile. Je te prie, à genoux s’il le faut, de m’excuser pour cette lâcheté. Latente. Fourbe. Ma lâcheté de serpent d’eau. Et leurs langues de vipères. J’ai laissé beaucoup d’entre eux salir ta réputation déjà bien esquintée. Parce que j’étais fatiguée, ou simplement ailleurs. Parce qu’ils étaient trop nombreux ou simplement trop cons.
J’aurais du crier, contester, argumenter, me battre, pourquoi pas ; sauver ça. Nettoyer leur crasse quitte à faire table rase. Et me retrouver seule absolument, d’autant plus proche de toi.
J’ai pensé que tu pourrais te débrouiller, te défendre et leur montrer qu’ils avaient tort ; j’ai fait confiance à ton image et à ta renommée qui s’étalent au-delà du visible, et brillent, comme on dit, par-delà les frontières de classes sociales et asociales.
Et puis, tu t’en fous certainement, tu flottes, ailleurs. Là où tu es, y a rien au-dessus. Souvent c’est à toi que je pense quand je monte sur mon toit, faire bronzette et causette avec des petits bouts de toi.
Je crois frôler tes petons, à portée de mes mains, ça me lance d’un frisson qui aime s’attarder aux creux de mes genoux.
Tout peut bien s’écrouler.
Comme à l’écoute d’une musique sublime et dite universelle, je sens partout la force de la beauté, son pouvoir absolu, quelque peu inquiétant, maître de tout. Tu es en chacun de nous et dans le fond des bouteilles, dans les restes d’un repas de fête, dans les ruelles obscures, dans leurs réverbères cassés et entre chaque pistil de chaque marguerite. Et entre chaque cil artificiel collé pour plaire aux ploucs, enlevés à la hâte. T’es là, juste là, regarde.

Tu cours nue, hagarde, ivre peut-être, sur les autoroutes. Tu erres, véhiculant la folie de la solitude entre les voitures trop peu remplies. Certains t’ont aperçue, ont voulu t’attraper, t’ont frôlée ; risquant leurs vies. C’est pas qu’une métaphore de pacotille. Du Boutan à Varsovie, on connaît ton nom. Tout le monde l’a prononcé une fois au moins. (J’aimerais confectionner un boîtier magique qui comptabiliserait chaque nouvelle fois où on parle de toi .)
Un ami m’appelle, me sort de ma rêverie, me dit « ce soir, y a un théma Arte sur Marilyn ».
Et de une.

Y a que pour toi que j’utilise les grands mots, le vocabulaire définitif, les jamais et toujours. Pour toi, je veux, j’ai pas peur, j’y crois vraiment dans mon intestin, et les courbatures de mes nuits passées à essayer d’atteindre la douceur de ta peau mélangée à la violence de ta force et à ton inimitable fragilité.

-maispastrop-

Aucun commentaire: