A la bonne heure

C'est triste à dire, mais parfois, la joie ça tient à un dixième de sensation.

Quelque chose qui passe, qu'on croit attraper et qui déjà nous échappe, avant même qu'on sache ce que c'est, où, pourquoi et comment le raconter. Parce qu'y a pas de mots pour certaines sensations.
Est ce que tout le monde cherche vraiment le bonheur?

Il parait qu'il vient vers ceux qui y croient très fort.

Moi, je l'ai rencontré, souvent, au coin d'une rue à l'improviste et on avait plein de choses à se dire: je lui faisais pas mal de reproches, le grondant d'être trop retardataire ou trop exclusif ou trop évaporé ou intouchable. J'avais l'impression de parler à une femme fatale. Une de celles qu'on n'a jamais vraiment.
En femme fatale il me répondait par un sourire et je crois même qu'il passait sa main sur ma joue, en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

A chaque fois, à chaque fois que j'ai été incroyablement heureuse, j'ai mis un peu de mon bonheur dans une boite que j'ouvre régulièrement avec friandise. Ma boîte est comblée, ça, pour sur. Ma boîte étincelle. Ma boîte m'emmerde.
Au coin de la rue, aussi, je lui dit que, bon, c'est quoi cette manie de venir et de partir avant même que... et puis de revenir alors que... c'est quoi cette manie, bon sang? Cette fois, c'est ma main qu'il prend de la sienne, et qu'il met sur sa joue; la manière dont la forme de ma paume se moule à celle de sa pommette m'émerveille et comme il voit mon émerveillement, il sait que j'ai compris. Donnant donnant.

Si le bonheur me rend heureuse, je dois aussi rendre heureux mon bonheur. On n'a rien sans rien, hein?

Mais quand même, je lui dis -parce que je suis casse pieds- quand même, comment tu décides où aller, qui a tes faveurs, pourquoi lui plutôt qu'elle. Pourquoi moi?
Je viens vers ceux qui croient très fort en moi, qu'il me répond le bougre.
Je lui rétorque qu'il est rien qu'un vulgaire dicton à la con.
Il lance que tout est un dicton, ou espère le devenir et qu'il est pas là pour changer tout ça, simplement pour le rendre plus coloré.

Alors, quand on le croise, le bonheur a toujours le dernier mot. Pas parce qu'on n'a rien à répondre, non, on aurait un paquet de rhétorique à lui servir, mais ce qu'il dit sonne tellement agréablement à l'oreille que c'est sur sa phrase qu'on a envie de s'endormir, pas sur la nôtre.

-maispastrop-

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