Nicolas et Pimprenelle

Une nuit agitée s'il en est.

Des rêves, par millions, des rêves qui se mélangent à la vie, des rêves dont on sort en ne sachant plus ce qui est vrai ce qui ne l'est pas, étant nous-même un mélange des deux; des rêves dont on s'extirpe, tant bien que mal, en étant obligée d'admettre que cette personne compte, que cette histoire influe, que ces sentiments existent. La preuve, on en est encore toute habitée.

Des rêves réveillée, des rêves qui réveillent.

"Haaaaaaaaa", je n'ai jamais respiré aussi fort, aussi profond, pour me sauver d'une apnée contrite. Comme dans les mauvais films, je me réveille moite, hirsute, inquiète, le geste hagard pour toucher quelque chose de réel, me raccrocher à de la matière tout en m'attendant à trouver du sang sur mon front ou un homme dans mon lit.
J'ai rêvé de toi. Mais, j'ai rêvé de toi comme si c'était vrai, t'étais pareil, y'avait ton odeur, notre complicité, tu portais nos souvenirs; c'était juste là.

Ca m'était jamais arrivée, de me réveiller en larmes. Je ne l'ai pas remarqué tout de suite, je pleurais et c'était normal, et puis, quand mes yeux se sont faits à l'obscurité et ont commencé à discerner les objets, la forme de la pièce, le vide du lit, ma tête a percuté que tout ça, c'était pour de faux et c'est précisément là que j'ai senti les larmes sur ma peau.

Ridicule, je me suis dit. C'est ridicule.

Quand même, j'ai pleuré encore un peu. Pas grand chose, juste ce qu'il fallait pour ne pas nier, pas faire semblant, accepter que, dis donc, y s'en passe des choses là haut que je préférerais mettre à la trappe.
Qu'elles viennent, bienvenue, faites comme chez vous, même pas peur.

Enfin bon, toute accueillante que je suis, je ne m'en trouve pas moins déconcertée, assise un peu, allongée aussi, les muscles fatigués, remplie du silence de la nuit à ne plus jamais retrouver le sommeil et me refaire le film, non sans un certain plaisir. Je revis les scènes alors que déjà elles s'effacent, je pense à les écrire et puis, non, me lever, trouver un stylo, du papier, tout serait déjà parti; alors je reste dans cet entre-deux douillet et quand tout s'est évaporé, j'essaie de ressombrer et de continuer l'histoire. Reprendre là où je me suis réveillée, pile là, pour changer la fin. Ne pas rester sur une malheureuse dernière bouchée moins bonne que les autres, recouvrir de dessert.
Evidemment que non, ça ne vient pas. Je gigote dans les draps, m'agace, essaie de respirer calmement, me rassied, bois de l'eau, regarde l'heure qui me nargue. Trop tard ou trop tôt.
Des idées absolument ennuyantes arrivent, est ce que j'ai payé edf, faudrait que je fasse une lessive, mon banquier me fait peur.
Bon.

Autant l'admettre tout de suite et ne pas dépenser le peu d'énergie qu'il reste à se battre inutilement, je déclare forfait, voilà, ok, cette journée va être merdique.

J'ai envie d'appeler ceux qui étaient dans mon rêve. Leur dire.
Ils ne comprendraient pas.

Il paraît qu'on est tous les personnages de nos rêves, le méchant, le gentil, le type à l'arrière plan, la vieille prof de CP qui sort de nulle part, c'est nous.

Je te ressemble beaucoup alors.
Ou l'inverse.
Trop surement.

Allons marcher et regarder les réverbères s'éteindre avec le petit jour.



-maispastrop-

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