On n'a pas rendez-vous

Y'a des gens qu'on connaîtra jamais vraiment.

Oui, ça, y'en a même un sacré paquet, mais, je parle là de ceux qu'on pourrait appronfondir, qui sont juste à côté, à portée de coeur, et pourtant, non; c'est comme si le temps manquait pour s'attarder sur eux alors que le matin même on tournait en rond d'ennui. A chaque fois qu'on les croise, il y a des atomes qui crochent, des points qui communient, et quand même le temps qui passe; le temps qu'on n'a pas. C'est pas n'importe qui, ces gens, c'est évident que nos cafés du dimanche ou nos conversations téléphoniques nocturnes couleraient, faciles.

Je repense à ces gens là, je ne peux les ranger ni dans les remords ni dans les regrets, ils sont dans le néant spacio-temporel qui remplit les trous de gruyères de nos agendas, et, en fin de compte, en toute fin, ils comptent. Et pourtant.

Parfois, on n'a même pas leurs numéros pour les joindre dans leurs téléphones, et si on les avait on n'aurait peut-être rien à leur dire; on sait plus trop ce qu'ils font dans la vie, quel âge ils ont, et quand est ce qu'on les a rencontrés déjà.

J'aime bien ces gens-là.

Y'a une légèreté plombante qui me ravit, quelque chose qui, quand on s'y penche, nous mélancolise sur une histoire qu'on n'a pas vécue. Une chanson pas finie.
On aurait pu s'aimer très fort, vous croyez pas? On aurait pu prendre une belle voiture pour enfourcher une nationale et partir en choisissant nos destinations à l'aveuglette. On aurait pu changer le monde, notre monde, toi le mien, moi le tien; et on ne le fait pas. Et on ne le fera surement jamais.

Et, comme disait quelqu'un qui a changé ma vie quand je changeais la sienne, la vie elle est comme elle est. Et puis c'est tout.
Et puis c'est bien.

-maispastrop-

Aucun commentaire: