Nuit blanche et pleine lune

Il a fait nuit pendant 72 heures.


J'avais terriblement envie d'oublier le Tibet, le départ de mon amie et les messages du banquier.
J'ai semé ici et là, au gré du vent, à l'endroit où les gens de bonne compagnie proposaient d'aller.
Une partie de moi répétait sans cesse "va-te-coucher-pose-ce-verre-dis-au-revoir" mais sa voix portait pas assez; ça me faisait doucement rigoler.
Y'a des jours comme ça où on a envie, besoin, de persévérer, jamais abandonner.
"Je vais tous les allonger" c'est ça que je répondais à la partie de moi qui organisait une manif dans l'arrière de ma tête. Et, en effet, je vous ai tous bordés.
Fatigués avant moi.
Moi jamais fatiguée ce soir-là.

Je cherchais certainement à vivre seule ce moment précis, une petite dizaine de minutes où il ne fait ni jour ni nuit, où les travailleurs croisent les fêtards, où on ne sait plus trop si on doit dire bonjour ou bonsoir au taxi.
L'avenue de l'Opéra n'en avait rien à carrer, fidèle à elle-même, elle tenait ses immeubles droits dans leurs bottes, alignés dans une perspective très mélodieuse, qui amène à poser les yeux sur l'opéra, rutilant, fier lui aussi.
Est ce qu'il n'y a que moi qui croule sous le poids de l'heure? je leur demande.
Je me frotte les yeux, ça fait certainement dégueuler le mascara, et je cligne.
C'est pas mal quand même ici, y'a pas à dire. Elle est vraiment pas mal, cette ville de mon coeur.

J'aime bien ça, être remplie de gratitude et d'amour quand il n'y a personne à qui le donner.
Ca fabrique des moments que je range dans des tiroirs de ma tête et que je me plais à ouvrir quand il me manque de la compagnie et du souffle.


-maispastrop-

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